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 Picadilly Pipers (with Denys !)

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MessageSujet: Picadilly Pipers (with Denys !)   Picadilly Pipers (with Denys !) EmptyMer 4 Jan - 19:14

En sortant du métro, Craig eut l'impression de s'extraire du tombeau pour regagner le monde des vivants. Religieusement, il fêta ces retrouvailles en achetant une fleur à une petite marchande à laquelle il manquait une dent de devant ; ils échangèrent un large sourire, comme s'ils se comprenaient sans piper mot, et il lui indiqua la statue qui surplombait la Fontaine. Savait-elle que le monsieur pour qui on l'avait construite avait lancé en son temps un crédit destiné aux petites, toutes petites commerçantes dans son genre ?

"Non, je ne savais pas... Ma mère dit que c'est l'ange de l'amour, et mon père dit que c'est une des tantouses qui font le tapin dans Picadilly. C'est quoi, un crédit ?"

Elle était mineure. Craig lui sourit de nouveau, et passa son chemin. Une sorte de paranoïa confuse, dont il ne prenait pas totalement conscience lui-même, lui soufflait de se tenir éloigné de cet aimant à ragots malséants et d'afficher son intérêt pour des femmes plus mûres dans les minutes qui suivraient. Il n'était pas suivi, et sans doute pas observé ; mais c'était un instinct puissant que l'instinct de survie, même à des lieues du monde où l'on tuait les dits pervers sexuels, et dans un monde où on les enfermait, privait de leurs possessions et éventuellement, castrait. Il jeta un long regard en biais à une vitrine de lingerie qu'il dépassait, et qui formait le summum du scandale parmi ces boutiques pourtant d'avant-garde. Intérieurement, ce spectacle ne lui inspirait qu'une légère nausée assaisonnée d'indifférence.

"C'est la représentation de la charité," clarifia-t-il entre ses dents. Et il ne parlait pas de crédit. Baste, quel gâchis qu'il n'ait pas d'enfants - nouveau soulèvement indigné de ses entrailles. Il était grand temps de s'attabler devant un repas décent et de retrouver la paix. Il cherchait du regard à quelle salle il ferait ce soir les honneurs de sa présence, n'étant pas un homme d'habitudes ; il préférait largement manger avec quelqu'un et laisser l'autre choisir. Machinalement, de chercher une salle, il se mit à chercher un visage connu.

Les silhouettes se hâtaient de ci de là à la rencontre de leur dîner ; s'il y avait quelque part dans la foule quelqu'un qu'il avait déjà croisé et qu'il pouvait inviter, il ne les repérerait pas aisément. Cependant, il eut de la chance : un visage familier sortait justement de la station de métro. Un infirmier qu'il avait déjà repéré, et sur lequel il se posait quelques questions en tout bien tout honneur.

Le brave garçon, qui pratiquait la linguistique et la seringue avec la même aisance que l’Ecossais, semblait en parfaite condition pour rejoindre les troupes en action, meilleure même que certains soldats ; ce n'était pas suspect (Craig Lennox n'était pas du genre à chercher des sujets de délation) mais c'était intéressant. Il songea, avec un fin sourire qui contenait un discret atome de machiavélisme, qu'un dîner serait le théâtre parfait pour quelques vagues demi-confidences propres à nourrir sa curiosité et son imagination.

Il s'avança de son pas élastique de marcheur convaincu pour saluer cordialement l'infirmier. Il ignorait comment le reste de l'unité le considérait, mais s'apprêtait résolument à passer pour un parfait extravagant des brumes du Nord ; cela dit, cette réputation lui convenait autant qu'une autre.

"Dennis ? C'est bien cela ? Vous ne semblez pas trop pressé. Que diriez-vous de m'échanger une idée de restaurant contre la note ? Nos moments de liberté sont trop rares, autant se payer le meilleur."

En tendant la main, il ajouta plus paisiblement, comme pour se faire pardonner cette entrée en matière quelque peu saugrenue, digne d'un vieillard isolé qui aurait la mélancolie joyeuse :

"L'invitation s'étend à la demoiselle ou à la mère que vous alliez peut-être retrouver."
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Denys Hammond
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MessageSujet: Re: Picadilly Pipers (with Denys !)   Picadilly Pipers (with Denys !) EmptyMar 10 Jan - 22:17

Denys avait l'habitude d'être sur tous les fronts et de courir dans tous les sens. Habitude prise en Autriche où, entre les cours à donner, ceux à préparer, les conférences, les examens à corriger et les étudiants - surtout les étudiantes, maintenant qu'il y repensait - à tutorer, il avait toujours eus l'habitude de faire mille et une choses à la fois. Alors pour le moment, être ici, à Londres, et jouer les espions à l'ambassade américaine, où il avait réussi au culot à se faire engager, et participer aux interrogatoires des soldats allemands détenus à l'hôpital militaire, c'était presque reposant. Il n'était pas dupe, il savait bien que tout cela, bien qu'utile autant pour connaître les intentions des Etats-Unis que pour recueillir des informations sur l'ennemi - même si la plupart ne soient que des soldats sans importance ou des sous officiers au courant de rien du tout - n'était que pour l'occuper le temps que le SOE prenne une ampleur un peu plus importante. In fine, s'ils étaient venus le chercher dans le fond de son Ecosse natale - bon d'accord, on parlait de Glasgow - c'était pour les contacts qu'il pouvait avoir dans les milieux éclairés anti-nazis Autrichiens. A un moment ou à un autre, il faudrait qu'il donne des noms et des adresses. Et au fond, il savait qu'il allait peut être même devoir aller sur place. Cet entrainement qu'il avait reçu dans les Highlands n'était pas pour rien. Il savait tirer désormais et tuer un homme à mains nues en toute discrétion. Lui qui n'avait eut comme arme que les mots était désormais un tueur potentiel, moins bon que d'autres mais assez pour avoir validé sa formation. C'était terriblement inquiétant.

Il sortait de quelques heures à l'ambassade américaine où il passait ses matinées, suivies, trois fois par semaine, d'après-midis à l'hôpital allemand. Une vie bien réglée, comme auparavant en Autriche. Au moins il faisait quelque chose, il ne passait pas sa vie chez ses parents à tourner en rond et se faire regarder de travers à l'Eglise le dimanche parce qu'il était toujours chez eux à ne rien faire. Bien sûr, fils du pasteur, il était au dessus de tout soupçons mais n'était-ce pas bizarre qu'il ait passé tant de temps dans un pays qui avait été l'ennemi de la Grande Bretagne il y a vingt ans et qui l'était à nouveau désormais? On ne pouvait pas revenir indemne, il était forcément pro allemand, quelque chose clochait chez ce jeune homme, même si son père écrivait les meilleurs sermonts de Glasgow. Tout cela, Denys pouvait le lire dans les yeux des fidèles venus écouter son père, et malgré le bras protecteur de sa mère passé autour du sien. Au moins, à Londres, il faisait quelque chose. Sans officiellement porter un uniforme quel qu'il soit, mais il agissait ou en avait au moins l'impression. Et il se doutait qu'il ferait plus bientôt, cela le terrifiait plus que ne l'excitait. A Londres il ne pouvait tout de même pas éviter les regards inquisiteurs qui ne comprenaient pas qu'un jeune homme de son âge soit en civil, alors que tous les autres portaient l'uniforme. Mais pour des raisons de discrétion et de practicité, il devait rester en civil. Cela n'empêchait pas le costume monochrome bien taillé. Celui qu'il portait ce jour-là était gris, avec un par dessus assorti, pour coller à l'ambiance londonienne, et un chapeau en feutre noir. Son attachée-case brune ne le quittait pas.

Il sortait juste du bus à Picadilly Circus, et s'arrêta pour s'acheter des cigarettes. Il fumait peu en Autriche et avait augmenté cette habitude ces derniers mois à Glasgow histoire de calmer ses nerfs, tromper son ennui et lui donner un rythme, sa mère refusant qu'on fume dans la maison familiale, il était obligé de sortir, cinq ou six fois par jour, par tous les temps, en griller une. Plutôt que de rester enfermé avec ses livres. A peine avait-il échangé ses tickets de rationnement contre les précieuses tiges qu'il en alluma une. Un des désaventages de travailler pour le gouvernement sans véritablement porter l'uniforme: pas le droit à autant de tickets ou de fournitures que les militaires. Il fallait en prendre son parti, tous les héros ne portaient pas l'uniforme. Il était en train d'hésiter à prendre le chemin de son petit logement dans le sud de la ville, quand on l'interpella:

-Denys ? C'est bien cela ? Vous ne semblez pas trop pressé. Que diriez-vous de m'échanger une idée de restaurant contre la note ? Nos moments de liberté sont trop rares, autant se payer le meilleur.

Le jeune homme mit quelques minutes à remettre l'homme qui venait de l'aborder. Lennox, médecin à l'hôpital allemand. Quel boulot ingrat, devoir soigner ceux que le pays voulaient voir mourir. Ca ne devait pas être facile tous les jours. Il préférait sa place à celle de son interlocuteur. Il lui tendit la main pour la serrer, hésitant un instant sur la proposition. Après tout il n'avait pas grand chose de mieux à faire aujourd'hui, et il ne connaissait pas grand-monde sur Londres, alors faire de nouvelles connaissances... Et puis, en apprenti espion, il songea que peut être un des soldats avait mentionné quelque chose au médecin, même sans le vouloir...

-L'invitation s'étend à la demoiselle ou à la mère que vous alliez peut-être retrouver.

-Oh! Euh... Non je n'allais retrouver personne. Mais si vous proposez. Je ne connais pas très bien le quartier. Peut être pourrions-nous essayer par là-bas?
tenta-t-il en désignant la direction de Covent Garden.

Il y avait assez de restaurants dans le coin pour trouver quelque chose. C'était cela, ou à l'opposé, la très fréquenté Oxford Street, et cela ne l'attirait guère. Il ne leur fallut pas longtemps pour trouver un endroit sympathique, assez propre, et pas trop plein. La serveuse eut un froncement du nez en voyant les deux hommes sans uniforme et pourtant relativement jeunes passer la porte.Elle ne pouvait pas les refouler, mais on pouvait voir qu'elle y avait pensé. Ils n'avaient même pas l'avantage de parler avec l'accent américain. En parlant d'accent:

-Vous êtes Ecossais vous aussi, non? demanda Denys, ayant reconnu l'accent qu'il arborait également.

Pas un seul instant il ne songea qu'il pouvait être un sujet de curiosité pour le médecin, à qui il proposa une cigarette du paquet fraichement obtenu.
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