Sujet: MINI-INTRIGUE - Noël du Présent {Oliver & James} Sam 18 Juin - 12:02
Noël du présent
Noël 1940. Oui, vous avez bien lu, il s’agit bien de ce Noël. Mais ce n’est pas parce que c’est la veille de Noël que tous sont déjà rentrés chez eux pour se préparer à le fêter, oh non ! Tenez, nous allons prendre deux hommes, au hasard, dans la foule, qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Le premier, un jeune militaire, Oliver Ryan, assis à son bureau de signaler. Bien sûr, Noël ne veut pas dire « pause dans la guerre ». Il faut bien que certains se dévouent. Mais il n’est pas encore trop tard, et le temps passe, encore quelques dizaines de minutes et Oliver sera libéré, sa garde prendra fin. Il a promis à sa mère de faire de son mieux pour être à l’heure. Couvre feu ou pas, il a bien l’intention de tenir sa promesse, on n’a que deux parents, après tout ! Mais voilà, il ne se passe rien, les bureaux sont calmes, et la fatigue ajoutée au buffet un peu plus varié que d’habitude en salle de repos commence à peser sur ses paupières…
Vous vouliez un autre exemple ? Voici James Alistair. James a une vie trépidante, bien plus que vous ne pourriez le croire quand vous le croisez dans la rue, comme ça, l’un des rares de sa génération à ne pas être en uniforme. James est journaliste, et comme dit son patron « Noël n’a jamais empêché le Times de sortir ! ». Pourtant, lui aussi garde un œil sur l’heure. Il devrait depuis une bonne heure être arrivé à la réception annuelle de sa tante Lady Irvin, dans la grande maison de leur famille, dans le chic et précieux West End. Bien qu’elle ne soit pas du genre à lui en vouloir, il se sent mal, sa tante a toujours été tellement gentille avec lui, et il ne veut pas la décevoir. Pour sortir à l’heure, James s’est donné à fond toute la journée, courant en tout sens, travaillant d’arrache-pied… Mais voilà, les problèmes techniques ne sont pas de son ressort, et il lui faut attendre que la presse, qui a décidé d’être caractérielle ce soir, soit lancée pour que le dernier rédacteur – lui, donc – puisse enfin quitter les bureaux. Dans le silence général de la pièce, les pieds sur son bureau, penché en arrière, il se laisse aller…
Un courant d’air dans leurs deux bureaux. Tous deux se redressent en sursaut. Il est – enfin ! – l’heure de quitter leurs bureaux respectifs. Ils se précipitent vers les sorties et commencent à marcher dans la rue. Le métro est déjà arrêté. Cela fait à peine une dizaine de minutes que nos deux compères marchent, chacun de leur côté, quand la sirène retentit. Pris de panique, ils courent, pour finalement se rentrer dedans, littéralement, dans cette froide soirée d’hiver, glissant sur les trottoirs et finissant au sol, tous deux, alors que les projecteurs s’allument dans le ciel. Pour Oliver, marqué par le passé, il faut trouver un abri, au plus vite. James, plus téméraire, veut continuer son chemin. Mais Oliver ne peut pas le laisser partir, sa conscience le lui interdit, il est militaire après tout et est Signaller, il est de son devoir de protéger la population, qu’elle le veuille ou non !
Contraintes : Messieurs, il va falloir vous mettre d’accord. La raison voudrait que vous suiviez la décision d’Oliver de vous mettre à l’abri, mais James ne se laisse pas convaincre, il est tenace et sait comment tourner une situation à son envie et son avantage. Oliver ne peut pas le laisser partir. Voilà pour votre premier tour, et Joyeux Noël ;)
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Sujet: Re: MINI-INTRIGUE - Noël du Présent {Oliver & James} Jeu 23 Juin - 0:13
JAMES & OLIVER
Assis derrière son bureau, James attendait avec une impatience non dissimulée de partir des locaux du Times. Il était le dernier depuis plus d'une heure, tout le monde était parti en lui souhaitant un joyeux noël, qu'il s'en irait aussi une fois la presse lancée. Sauf qu'elle ne se lançait pas ! Toutes les dix minutes, il demandait si c'était prêt, après quelques faux espoirs, il n'avait plus qu'à pianoter sur la table d'ennui, de ranger machinalement son bureau et de jeter un œil sur la ville puis sur sa montre. Ce soir, il se rendait chez sa tante, lady Irvin, qui l'avait invité avec sa famille à se joindre à eux. Une bonne occasion de ne pas croiser Alfred a une fête familiale, lui n'était pas invité ! D'ailleurs, il était prêt à partir, il avait profité d'une énième panne technique pour aller se changer, passant d'un complet en tweed à un smoking digne de ce nom ! Il avait demandé à Edmund d'aller chercher ses vêtements chez lui, cela éviterait de faire un détour. Mais voilà, la presse se montrait capricieuse et il en avait assez. Enfoncé dans son fauteuil, le voici à piquer du nez, ses yeux se fermèrent t il sombra dans le sommeil …
Puis soudain, un courant d'air fit ouvrir une fenêtre et il sursauta. Un imprimeur vint à lui, annonçant triomphant que la presse avait perdu la partie et qu'elle était lancée pour la tournée de demain. Après une brève inspection pour voir que tout était en ordre, James quitta les locaux, s'enfouit dans son manteau et se dépêcha d'arriver à la station de métro la plus proche. Fermée bien entendu, en même temps vu l'heure … Foutu pour foutu, il allait devoir s'y rendre à pied, sa tante devra l'attendre encore un instant. Il remontait d'un bon pas, et il était étrange de constater qu'il avait oublié sa canne et marchait normalement, lui qui souffrait depuis la fin d'après midi. Mais il n'y pensait pas un instant, concentré pour prendre le bon chemin qui ne lui ferait pas faire un détour trop long, malgré l'obscurité où Londres était plongé. Après tout, il était un pur londonien, né dans cette ville et à part durant son enfance où il a passé un an chez sa grand-mère en temps de guerre et ses études à Paris, cette ville était la sienne et il se retrouverait peu importe où il se trouve. Après avoir traversé le pont, il serait sur la bonne rive et ne serait plus très loin.
Et soudain l'alarme retentit.
C'était bien le moment, ces salauds n'avaient donc aucune morale au point d'attaquer la veille de Noël ? Mais il fallait à présent se dépêcher pour trouver un abri. Peut être qu'en courant, il serait chez sa tante en moins de 10 minutes. Bon allez, dix bonnes minutes, il n'était pas un grand sportif non plus. Et alors qu'il tournait le coin d'une rue à vive allure, il percuta de plein fouet quelqu'un avec une telle violence qu'il fut projeté en arrière. Brièvement sonné, James finit par se relever et tendre la main à celui qui l'avait percuté pour l'aider à se relever. Et comme les coïncidences sont toujours là où on les attend pas, le journaliste reconnut de suite Oliver, le jeune ami de sa petite sœur.
« Vous ! Quelle force ! Je vous aurais bien parlé plus longtemps mais je suis attendu et avec la sirène, je ne veux pas m'attarder, bonne soirée ! »
Il le salua et voulut continuer dans sa direction initiale, mais Oliver lui retint le bras.
« Quoi encore ? Il s'énerva légèrement. Je n'ai pas le temps là ... »
Oliver réfléchissait déjà à la scène qui allait se dérouler ce soir. Comme toutes les veillées de Noël, il se rendrait chez ses parents. Comment serait l'ambiance ? Son père et sa mère manifesteraient-ils de la colère ? Pire... de la déception ? Et lui, de quelle façon allait-il affronter leurs regards ? Il ignorait tout cela et il angoissait. Sa famille restait ce qu'il avait de plus précieux. Il se rendait compte avec le recul qu'il avait agi de la pire des façons, en mettant tout le monde devant le fait accompli. S'engager dans l'armée... il le regrettait. Oh bien sûr, il savait pourquoi il s'était enrôlé ! La patrie, l'envie de servir à quelque chose. Sa naïveté le conduisait à croire qu'il serait plus utile et efficace avec un fusil entre les mains plutôt qu'avec un bouquin. Grave erreur, il le reconnaissait désormais. Mais il ne l'avouerait jamais devant ses parents. Il craignait de les inquiéter et de ne réveiller des instants douloureux. En le voyant, éprouveraient-ils la même chose que lorsqu'il était enfant ? De l'affection, de la fierté ? Il réfléchissait à ce qu'il valait mieux faire désormais. Sans doute eut-il été préférable qu'il reste dans ses quartiers, qu'il ne sorte guère. Il pourrait facilement prétexter une astreinte à son nouveau poste. Être Signaller, ça demandait de l'investissement, de la rigueur et de sacrifier sa vie personnelle au profit de milliers de vies. A un moment, Oliver se leva de son siège pour se dégourdir un peu les jambes. Il sortit son porte-feuille et regarda la photo de famille qu'il conservait précieusement. Le film était vieilli par les frottements, le noir et blanc se ternissait par endroits. Il caressa le papier, avec une certain affection. Y aller ou pas ? Il frissonna. Ce qu'il pouvait se les geler ici ! La pièce n'était pas chauffée, pour éviter que les machines ne prennent feu. Mais du coup, il se retrouvait avec son manteau, à claquer des dents parce que l'endroit laissait s'échapper la chaleur comme jamais !
Après s'être fait un thé, il s'assit à nouveau et plaça ses mains autour de la tasse pour se réchauffer. Une sensation de bien-être l'envahit alors qu'il avalait quelques gorgées du liquide brûlant. Il ignora avec un air impassible l'envie de pisser qui commençait à poindre. Ce n'était pas le moment... encore quelques minutes et il pourrait y aller. Le tic-tac de l'horloge était doux, relaxant. Il n'y avait pratiquement plus personne ici. Tout était calme, désert. Seuls quelques rares personnes demeuraient dans l'enceinte du bâtiment. Oliver posa son mug sur la table face à lui et s'enfonça légèrement dans son siège. Il repensa à cette journée un peu spéciale. Le capitaine avait jugé bon de leur amener des petits gâteaux, faits par sa femme. Sauf qu'il n'était pas le seul à avoir eu cette idée ! Chaque officier apporta donc son lot de victuailles. Gourmand et surtout affamé, Oliver en avait profité pour se remplir l'estomac, à la limite du raisonnable. A trop manger, on finissait par peiner sur sa digestion. Il le sentait bien... toute la fin d'après-midi, la fatigue l'avait accompagné. Mais bientôt, il serait libre... Il ne savait pas quoi faire de cette liberté, d'un côté il voulait voir sa famille, de l'autre, il avait honte. La marche dans le froid hivernal serait de bon conseil, pour sûr ! Il eut un petit sourire en repensant au passé, à ces réveillons heureux et innocents. Le rythme de sa respiration se fit plus régulier. Peu à peu, ses paupières devinrent lourdes. Il s'endormit, sans rien voir venir, pris en traître par Morphée.
Un courant d'air brutal le réveilla en sursaut. Il regarda tout autour de lui, hagard, en se frottant les yeux. Qu'est-ce qu'il se passait ? Pendant quelques minutes, il tenta de reprendre conscience de ce monde qui l'entourait. Puis il vit l'heure et il remarqua enfin la présence de sa relève. C'était elle qui avait provoqué ce courant d'air, en ouvrant la porte. Oliver ne se fit pas prier, il se leva, rassembla ses affaires, salua son camarade puis quitta son bureau, en espérant que son assoupissement ne fut guère remarqué. Sans trop comprendre comment ni pourquoi, il se retrouva à l'extérieur, à marche d'un pas pressé sur les trottoirs londoniens. De la buée s'échappait de sa bouche. Il grelottait. Non, vraiment, il faisait froid... et dans ses quartiers ça serait pire. Il s'arrêta net, pour réfléchir. Il s'écoula facilement 5 minutes, avant qu'il ne décide d'aller ses parents, finalement. Il se remit en marche, et son envie d'uriner se rappela à lui, un peu brutalement. Il regarda un coin sombre, comme s'il s'était agi du messie, et s'en approcha. C'est à ce moment là qu'un policier passa tout en le regardant. Oups... non, ça n'était pas le moment, ni le lieu... Il accéléra le pas. Après quelques mètres, il répara des toilettes publiques, encore ouvertes. Ah !!! Enfin ! Il allait traverser lorsque la sirène se mit à retentir. Quoi ? Sérieusement ? Maintenant ??? Il devait y avoir un cessez-le-feu pourtant lors de tels événements non ? Oliver se mit à courir, oubliant sa vessie, son esprit occupé à trouver l'abri le plus proche. Tout à son angoisse, il feintait le ciel, à la recherche du moindre signe hostile. Soudain, ce fut le choc... et pas léger... du genre bien violent ! Il percuta une autre personne et déséquilibré, il s'affala par terre. La douleur lui irradia le corps. Il se releva, quelques étoiles devant les yeux. Et c'est là qu'il vit...
- James ! Vous ici !
Le rouquin en face de lui sembla tout aussi surpris. Quand il évoqua sa force, Oliver se sentit extrêmement mal à l'aise. Ca ne se faisait pas de faire mal à une personne, encore moins lorsque celle-ci était handicapée. Le jeune homme fut d'ailleurs surpris de le voir sans sa canne. Il l'examina, pour s'assurer qu'il n'avait rien de casser mais fronça les sourcils lorsqu'il lui souhaita bonne soirée. Où allait-il comme ça ? Par réflexe, Oliver l'attrapa par le bras ce qui provoqua chez son interlocuteur une réaction quelque peu agressive. Pas de quoi lui faire lâcher prise, cela dit.
- Venez avec moi, il faut se mettre à l'abri. Si je ne me trompe pas, il y a un là-bas, nous y serons en sécurité le temps que tout cela soit fini... votre canne a du tomber...
Oliver la chercha des yeux mais il ne la vit point. Leurs vies étaient plus précieuses qu'un bout de bois. Le jeune signaller tira James dans sa direction mais celui-ci marqua une certaine résistance.
- Ne restons pas ici, venez... Georgina va me tuer s'il vous arrive quelque chose... Je suis désolé pour la bousculade... rien de cassé ? Allons-y, ne trainons pas.
Il tira un peu plus fort mais Allistair ne semblait pas disposé à l'entendre. Il le regarda avec un air surpris. Qu'est-ce qu'il lui prenait ?
Sujet: Re: MINI-INTRIGUE - Noël du Présent {Oliver & James} Mer 17 Aoû - 18:19
Second tour
James ne semble pas trop décidé à faire la mauvaise tête et suit Oliver sans histoire. Dans le ciel, les avions ennemis se font distinguer, alors que les projecteurs balaient le ciel pour faciliter le travail des batteries au sol. Ca a l'air de rester calme dans le quartier, jusqu'à ce que... BOUM, à une cinquantaine de mètres, le trottoir vol en éclat et les deux garçons sont projetés au sol. Dans ce quartier désert, cela donne une impression étrange... Contraintes: Des explosions... Cela rappelle de très mauvais souvenirs à Oliver. Il reste figé de panique. C'est à James, cette fois, de prendre les choses en main et de rester calme. Avec sa jambe blessée ce n'est pas forcément le plus facile, mais il faut qu'ils se mettent à l'abri, Oliver paniqué ressemblant un peu plus à un poids mort qu'autre chose, ou pas. James ne peut décemment pas le laisser là! Mais le jeune militaire n'est pas forcément très coopératif...
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James Alistair
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Pourquoi fallait-il toujours que ça tombe sur lui ? A quelques minutes près de l'impression, James aurait pu traverser la Tamise et arriver légèrement en retard chez sa tante, mais pile au moment de se mettre à l'abri. Il n'aurait pas rencontré Oliver, et n'aurait surtout pas été obligé de lui résister pour aller se cacher dans un abri à quelques mètres de son travail. S'il appréciait le jeune garçon, sa sœur savait parfois se faire quelques amis fréquentables, il ne voulait pas le suivre. Passer Noël dans un abri, non mais franchement, vous l'imaginez dans un tel endroit ? Puis, il pensait à sa tante qui devait l'attendre, il ne voulait pas non plus qu'elle s'inquiète. Peu importe la sirène, et peu importe ce que pensait le jeune soldat, James n'avait vraiment pas envie. Il partait déjà dans la direction opposé quand Oliver insista, à en devenir agaçant.
« Ne restons pas ici, venez... Georgina va me tuer s'il vous arrive quelque chose... Je suis désolé pour la bousculade... rien de cassé ? Allons-y, ne traînons pas. Je ne suis qu'à vingt minutes de marche de mon lieu de réception, je ne vais pas me cacher ! On va s’inquiéter si je n'arrive pas. »
Il restait courtois, mais on sentait la pointe d'agacement. Puis à force, il se fit que l'alerte sonnait parfois sans que les allemands parcourent le ciel, il suffirait d'attendre quelques minutes puis se barrer dés qu'on lui en donnerait l'ordre. Finalement, à contrecœur, la journaliste suivit Oliver vers l'abri le plus proche. Levant les yeux au ciel, il voyait les énormes batteries scruter le ciel, et des bruits de moteur se faisaient entendre. Finalement si, les allemands arrivaient. C'était bien sa veine. Depuis quand, on bombarde le jour de Noël ? Ces boches n'avaient aucune éducation ! Sans se dire un mot, ils accélérèrent le pas. James ne savait pas du tout où était l'abri. Il y avait bien un plan au Times, mais vu qu'il y en avait un dans l'enceinte du bâtiment, James n'avait pas pris la peine de regarder les autres, heureusement qu'il avait un guide. Un bruit vint du ciel, et avant qu'il ne put comprendre, une bombe tomba dans la rue, à quelques mètres des deux jeunes hommes, les projetant en arrière. Sonné un instant, le journaliste se ressaisit, tapota sur l'épaule d'Oliver, et commença à repartir dans l'autre sens.
« Dépêchez vous, il faut quitter la grande artère ! »
Mais après quelques pas (toujours étonnement fluide, n'oublions pas qu'il n'avait pas sa canne et ne ressentait pas de douleur en cet instant, mais le jeune homme n'y pensa même pas), il se tourna et vit le jeune garçon toujours assis par terre, comme tétanisé. « Shit ! » siffla t-il entre ses dents et retourna vers son compagnon d'infortune.
« Oliver, levez vous, on doit partir ! Il ne répondait pas et ne réagissait pas non plus. Et merde, c'est lui le soldat, pas à moi de jouer les sauveurs ... »
Il tira tout d'abord en arrière le poids mort (enfin vivant mais complètement hagard) et essaya de le soulever. D'accord, le soldat Ryan n'était pas non plus un gros gabarit, mais on parle quand même de James Alistair un garçon dont le seul sport ces cinq dernières années étaient de déambuler dans les soirées mondaines. Et même avant cela, il n'avait jamais été un grand sport, et son corps fin le montrait bien. Une autre explosion retentit à l'autre bout de la rue, dépêchant James de soulever le soldat. Il paraissait que certaines émotions décuplaient les forces, la peur fonctionnaient pour Alistair. Il le porta tant bien que mal et courut de l'autre côté de là où on l'emmenait au départ.
« Le Times a un abri. On y sera dans quelques instants. Allez Oliver, remuez vous ! »
Il lui mit une bonne baffe en guise de conclusion de phrase, espérant que ce dernier allait reprendre ses esprits …
Il ne fut pas aisé de convaincre James de le suivre. Oliver dut insister et tirer fermement sur son bras pour l'enjoindre à gagner l'abri le plus proche. Il était bien le frère de Georgiana ! Têtu et déterminé ! Pourtant, il finit par se laisser faire, à défaut d'être convaincu. Tant pis pour la canne ! De toute façon, James ne semblait pas en avoir besoin ! Il bougeait avec souplesse et sans difficulté ! Cela étonna le militaire. Avait-il joué la comédie l'autre soir ? Pour s'éviter le front peut-être ? Il aurait tout le loisir de lui poser la question plus tard, une fois à l'abri. En espérant que le rouquin ne se vexe pas et qu'il ne prenne pas ça comme un jugement. Oliver avait un ami d'enfance qui fuyait la conscription et qu'il couvrait. Il connaissait les horreurs de la guerre puisqu'il s'était battu à Dunkerque. Avec lui, le secret d'Alistair serait bien gardé. Ils s'élancèrent, Oliver connaissait par coeur la position de l'abri le plus proche et il n'eut aucun mal à se repérer dans les rues de Londres pour y parvenir. Cela aurait du prendre quelques minutes. Mais les avions allemands s'approchèrent. Ils étaient déjà en vue. Ca n'était pas normal... Quelque chose avait du foirer ! En tant que Signaler, il savait qu'on laissait toujours plus de temps aux gens pour se réfugier dans les souterrains les plus proches. Sans doute que les radars n'avaient pas fonctionné correctement... il espérait que ça ne soit pas de sa faute. Tout à sa réflexion, il laissa échapper un cri lorsqu'un obus s'écrasa tout près d'eux et les projeta au sol. Oliver sentit sa nuque s'écraser contre le sol. La douleur le paralysa, mais alors qu'il parvint à se redresser, la vue embrouillée, il toucha l'arrière de son crâne et vit ses doigts pleins de sang.
Il sentit ses muscles lui échapper et son coeur se mit aussitôt à battre dans un rythme effréné. La voix de James lui fut inaudible. Il entendait, à la place, le bruit des tirs, les plaintes de ses camarades tombaient au combat. Et tout ce sang... tous ces morts... Il sentait le souffle lui manquer. Chaque inhalation lui ramenait l'odeur de fer, de poudre qui se mélangeaient au sel marin. L'odeur âcre lui enflamma les bronches, il bloqua alors sa cage thoracique, pour ne plus rien sentir. Ne pouvant se retenir de respirer indéfiniment, il finit par râler, comme si sa vie en dépendait. Il ne s'était pas relevé. Oliver était comme paralysé, à la limite de l'inconscience. Englouti par la terreur et par l'horreur de son calvaire, il était pâle comme la mort, tremblant, crispé. Il n'entendit pas James, il ne sentit même pas celui-ci tenter de le mettre debout, en usant de toutes ses forces. Le soldat possédait un petit gabarit, il était même un peu plus petit que James. Mais impossible de le faire décoller du sol. Il fallut une seconde explosion pour qu'Alistair y parvienne, mû par la peur de mourir, sans aucun doute. Seulement, voilà, avec un poids mort sur ses épaules, le journaliste n'allait pas faire long feu. Et ce fut pour cette raison qu'il mit une gifle à Oliver, pour essayer de lui faire reprendre ses esprits. Seulement voilà, le jeune homme se trouvait être en état de choc. Et le geste fut donc perçu comme une agression. Oliver eut un mouvement incontrôlé, involontaire, mais suffisamment précis. Il donna un coup de genou dans l'aine de James, obligeant celui-ci à se plier en deux et à le lâcher. La chute fut lourde. Mais Oliver ne tarda pas à reculer, assis, se tenant la mâchoire d'une main, il leva bien haut l'autre. - Ne tirez pas ! Je... je ne suis pas armé... s'il vous plait... ne tirez pas...
Une autre explosion retentit tout près d'eux. Une fontaine vola en éclat et de l'eau éclaboussa son visage. Il passa sa main pour s'essuyer, par réflexe et lorsqu'il regarda à nouveau ses paumes, elles luisaient de sang. Pris d'un haut le coeur, il se tourna pour vomir à vide, éprouvant toutes les difficultés du monde à respirer. Une image lui revenait en tête, celle de son camarade d'arme, tué d'une balle en pleine tête. Des gouttes de sang avaient inondé son visage. D'une voix à demi-éteinte, il supplia :
- Pitié...
Plus aucun doute, à ses pupilles totalement dilatées, à la façon dont il se comportait, on voyait bien qu'Oliver était dans une état de délire et de choc avancés. La gifle de James n'avait fait qu'empirer les choses ! Alors que l'idée ne partait pas d'un mauvais sentiment au départ. Les voilà donc en extérieur, exposés au danger, avec des espoirs de s'en sortir qui diminuaient à vue d'oeil... Vive l'ambiance !
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Sujet: Re: MINI-INTRIGUE - Noël du Présent {Oliver & James} Dim 30 Oct - 19:30
Généralement, une bonne baffe, ça remettait tout en place, James en avait pris quelques unes pour savoir de quoi il parlait. Mais là, comme par hasard, cela eut l'effet inverse. Au lieu de réveiller Oliver de sa torpeur, il l'enfonça davantage. Pire encore, le jeune soldat lui donna un coup de genou bien placé, au point où le journaliste eut le souffle coupé, lâcha le garçon et se plia en deux de douleur. Il murmura bon nombre d'insultes qu'on ne rapportera pas ici pour la bien séance, mais autant dire qu'il avait bien mal. Pendant ce temps, Oliver reculait au sol, toujours paniqué, cela se voyait à ses grands yeux.
« Ne tirez pas ! Je... je ne suis pas armé... s'il vous plait... ne tirez pas... »
Une explosion juste à côté fit tressaillir James, qui cherchait un moyen de s'en sortir, mais disons que son second cerveau prenait le pas sur le premier, il n'était que douleur en cet instant. Il n'y avait pas trente six solutions mais le rouquin n'en voyait pas beaucoup, à part partir en laissant le gamin se débrouiller. Ce serait inhumain et impensable pour lui, de laisser Oliver à la merci des bombes. Mais vu qu'il était dans un délire, que James était incapable de le raisonner et de le soulever, il ne voulait pas mourir par pure charité. Et l'explosion non loin d'eux témoignait de l'urgence de la situation.
« Pitié … »
A voir ses réactions, et ses pupilles extrêmement dilatées, Oliver devait être dans un bien mauvais souvenir. Georgiana ne lui avait pas dit que le jeune homme avait participé au désastre de Dunkerque ? Non, il ne faisait pas une crise post-traumatique en plein bombardement ! Ah si … Mais il était sensé faire quoi ? Il était journaliste, pas psychiatre ou hypnotiseur ! A la rigueur, écrivain mais à quoi ça servait ? Puis James eut comme un déclic, mais oui être écrivain, cela signifiait inventer des personnages, créer des situations, il lui fallait donc faire ça pour s'en sortir. Mais quel personnage ? Un militaire ? Oui, bien sûr, se mettre dans la peau d'un supérieur d'Oliver. Il réfléchissait à toute allure, parlant à voix basse.
« Comment un militaire parle à ses soldats ? Il leur hurle dessus, non ? C'est n'importe quoi, un réformé jouant un militaire … quel grade ? Colonel, non ? Oui c'est pas mal. Bon allez en piste. »
Sans être un acteur, il était un super menteur au sujet de sa vie privée, il avait apparemment un petit don de comédie, il fallait voir si ça marche. Il s'avança doucement vers Oliver, s'accroupit et se mit à parler d'une voix forte :
« Soldat Ryan ! C'est votre colonel ! Il faut bouger, maintenant soldat, sinon c'est la mort ! Et je suis trop jeune pour que tu meurs alors debout ! »
Ca avait l'air de faire son effet, James s'auto-approuva et continua.
« Vous allez suivre votre ami James Alistair, il va vous mettre à l'abri ! Allez, go, go, go ! Il se releva et prit le bras d'Oliver pour le soulever, et reprit sa voix habituelle. Venez Oliver, je vous emmène ! »
Faites que maintenant, il avance. Les allemands planaient au-dessus d'eux, les locaux du Times et son abri n'étaient qu'à quelques mètres, cela serait vraiment bête de se prendre une bombe maintenant …
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Sujet: Re: MINI-INTRIGUE - Noël du Présent {Oliver & James} Dim 18 Déc - 14:36
Le monde aurait pu brûler, Oliver n'en avait plus rien à faire. Il était bloqué sur ce traumatisme de la bataille de Dunkerque. Il revoyait en boucle le sang, les cadavres, chaque bruit se muait en tirs de mitrailleuse. Il y avait en écho les cris de désespoir et de souffrance. Et toutes ces... sirènes, devenaient des cris d'allemands. Des "Alaaarm", des "Tötet sie" ou encore des "Feuer" tintaient à ses oreilles. Plus rien d'autre n'existait. Il avait le souffle court, les yeux écarquillés, comme s'il vivait ses dernières heures. Il commençait à avoir mal dans la poitrine et il n'osait pas regarder, persuadé qu'une balle l'avait touché et qu'il était en train de se vider de son sang.
Le rêve tournait au cauchemar. Et pendant ce temps, James se préoccupait d'une chose existentielle : s'assurer que son service trois pièces était intact. Il ne s'attendait absolument pas à cette réaction. C'est vrai que d'habitude, un bonne baffe remettait les pendules à l'heure. Dans ce cas précis, comble de malchance, il tombait sur une exception ! Il s'écoula un certain temps avant qu'Allistair ne puisse réfléchir en vitesse à une façon de se tirer de ce fameux pétrin. L'idée de jouer un rôle restait excellente, car dès l'instant où il se mit à crier à la façon d'un officier, il capta l'attention du soldat Ryan, en proie à une terreur absolue.
« Soldat Ryan ! C'est votre colonel ! Il faut bouger, maintenant soldat, sinon c'est la mort ! Et je suis trop jeune pour que tu meurs alors debout ! »
- Co... coco... colonel... Ils sont... trop nombreux... ils...
D'un geste un peu brutal, il l'attrapa par la manche. Il ne voulait pas mourir ici ! Ca non ! Il ne viendrait pas s'ajouter à la liste des disparus et des cadavres. James commençait à reprendre le dessus mais l'exercice n'était pas facile. Après avoir capté son attention, il dut presque le soulever comme un sac de pommes de terre pour le relever.
« Vous allez suivre votre ami James Alistair, il va vous mettre à l'abri ! Allez, go, go, go ! Venez Oliver, je vous emmène ! »
Dans l'esprit en panique du jeune homme, tout se déroulait avec une rapidité déconcertante. La transformation de James passa comme une lettre à la poste. Cependant, quand il regarda James, la vue brouillée, il crut le distinguer en treillis militaire, comme un soldat.
- James ??? Mais... c'est pas possible ! Nom de Dieu, mais t'es combien dans ton uniforme ? Georgiana le sait ?
Une bombe tomba non loin, les faisant sursauter. Il se mirent alors à courir. Cette fois, Oliver semblait totalement revenu à lui. Il n'osait pas imaginer la tête de son amie s'il venait lui dire que James était mort à côté de lui ! Non, décidément, il tenait trop à la jeune femme pour la voir souffrir et pleurer toutes les larmes de son corps. Ils coururent donc en direction de l'abri.
Sujet: Re: MINI-INTRIGUE - Noël du Présent {Oliver & James} Lun 9 Jan - 23:07
Tour final
Oliver a reprit ses esprits, ce n'est pas trop tôt! Le danger est réel et les avions volent plus ou moins bas. Les forces britanniques semblent s'être enfin mises de la partie, gênant les bombardiers et les chasseurs allemands. Cela leur laisse un peu de répit pour tenter de rejoindre l'abri du Times à deux pas. Pourtant, ils ne sont pas assez rapide, et le bruit caractéristique d'une bombe tombant du ciel, ce sifflement rappelant l'enfer, et celle-là, pas de doute, elle est pour eux.
Contraintes: La bombe explose. Et c'est le retour à la réalité. James est dans son bureau, le bruit de la bombe concorde avec la porte qu'on ouvre à la volée pour lui annoncer qu'enfin, il est libre, l'édition va sortir! Du côté d'Oliver, c'est le bruit du téléphone qui le fait revenir à la réalité. Tous deux sont sonnés, choqués. Ont-ils rêvés? Tout cela paraissait bien réel... Et ils ne peuvent s'empêcher de regarder par dessus leur épaule en quittant leurs locaux respectifs. Ca avait vraiment un air trop réel...
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James Alistair
☎Messages : 367 ☎Avatar & crédits : Tumblr ☎Age du perso : 30 ans
Carnet ☎Mon coeur, mon amour: Officiellement à marier ; officieusement en couple libre depuis 10 ans ☎Politiquement vôtre: Travailliste ☎En Pagaille:
Sujet: Re: MINI-INTRIGUE - Noël du Présent {Oliver & James} Jeu 12 Jan - 22:09
Dire qu'il fallait mentir pour essayer de sauver la vie d'un gosse. Alistair avait utilisé sa dernière carte pour sauver la vie d'Oliver, il ne voulait pas le laisser là, et pourtant, il avait aussi sa propre vie à sauver aussi ! Jouer la comédie sous les bombardements, la vie s'avérait pleine de surprises ! Jamais James n'avait pensé avoir un quelconque talent d'acteur, mais apparemment, il en avait un suffisant pour faire croire son histoire à Oliver. Enfin, ce dernier avait l'air de rester dans la guerre, vu comment il regardait le journaliste, sans doute surpris de le voir sur un champ de bataille.
« James ??? Mais... c'est pas possible ! Nom de Dieu, mais t'es combien dans ton uniforme ? Georgiana le sait ? Hein ? Non, elle ne sait rien, c'est pour ça que je ne dois pas mourir. Si ça pouvait lui faire bouger le train arrière. Allez en route ! »
Les deux hommes coururent jusqu'au Times. Il ne restait pas beaucoup de mètres avant les locaux, une dizaine tout au plus, et une fois à l'intérieur, l'abri n'était encore qu'à quelques pas, ils seraient enfin en sécurité. Si ce n'était pas le Noël rêvé, ce serait en tout cas un Noël vivant. Enfin, c'est ce qu'il pensait … Car un sifflement perçant se fit entendre juste au dessus de leur tête. James ne voulait pas y croire, la porte se trouvait si près, pour être sauvé, loin des bombardements. Mais le bruit se rapprocha, et la vision de la bombe juste au-dessus d'eux le terrifia. En un instant, il agrippa l'épaule d'Oliver, eut à peine le temps de penser à sa mère, ses sœurs et Isidore …
Un bruit sourd le fit sursauter : quelqu'un ouvrit la porte de son bureau dans un grand fracas, la porte rebondit contre le mur dans un bruit sourd, James crut que son cœur allait lâcher.
« C'est bon, M'sieur Alistair, tenez l'exemplaire. Où est le bombardement ? Demanda t'il, un peu hébété. Le bombardement ? Il n'y a rien, c'est calme ce soir, m'sieur. »
Le journaliste tourna la tête vers la fenêtre, aperçut un quartier paisible, la pluie coulait le long de la vitre, mais rien ne mentionnait quoi que ce soit au niveau des bombes.
« Pourtant, j'étais dehors, j'ai sauvé un jeune soldat, puis la bombe … Vous avez fait un mauvais rêve, ça arrive. Mais ne vous inquiétez pas, vous pouvez rentrer tranquille. »
Un mauvais rêve ? Tout semblait si réel pourtant, il revoyait les bombes tomber sur la route, frapper Oliver pour le secouer et se faire taper en retour, puis cette dernière image, cette sensation de disparaître … Il jeta un œil distrait au journal, approuva et pouvait maintenant quitter le Times pendant qu'on finissait d'imprimer l'édition du matin. A peine debout, il ressentit une vive douleur dans sa jambe, il l'avait posée comme s'il n'avait rien eu. Après tout, dans son rêve, il avait couru comme un petit fou.
« C'était donc bien un rêve … »
Soulagé de savoir qu'il avait fait un cauchemar, qu'il était bien vivant, sans doute qu'Oliver aussi, et que la soirée s'annonçait tranquille, le voici parti pour se rendre chez sa tante fêter le réveillon. Son chapeau haut de forme sur la tête pour la soirée chic, son manteau chaud sur les épaules et sa canne à la main, le voici en dehors du Times. Un instant, il regarda l'endroit où la bombe de ses rêves avait explosé, où il était mort, puis secoua la tête et avança vers la station de métro. Fermée bien sûr, il avait raté le dernier métro et devait s'en aller à pied avec son infirmité. Tant pis, il serait en retard, mais sa tante lui pardonnait tout. Motivation, il entama sa longue marche boîteuse pour fêter Noël. Vivant.
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Sujet: Re: MINI-INTRIGUE - Noël du Présent {Oliver & James} Lun 1 Mai - 22:48
Oliver restait dans un état un peu second. Il suivait James, trop préoccupé par leur survie pour se poser les bonnes questions. Déjà, James courrait sans sa canne, comme s'il avait été miraculeusement guéri par Jésus en personne. Et puis, il régnait ici quelque chose d'étrange. Une sorte de vide oppressant. Le décor était trouble, sombre, il ne distinguait pas tous les détails, comme si tout était irréel. Et pourtant, à aucun moment, il n'avait conscience qu'il s'agissait d'un rêve. Il vivait les événements comme s'il y était. Le rouquin lui servit de guide au travers de ce chaos, il le suivit sans sourciller. Ils auraient tout le temps de discuter dans un abri, et d'y trouver une forme de paix. Allistair était juste devant, déterminé. En le voyant, Oliver se sentait un peu plus en confiance. Il n'entendit pas le sifflement, parce que son cerveau faisait totale abstraction des explosions et des bruits de guerre. Etant donné que cela provoquait en lui, une tétanie et une crise d'angoisse, il mettait au point une défense alambiquée pour éviter la paralysie. Seulement, voilà, comme s'il sentait venir le danger, lui aussi, il leva les yeux vers le ciel. Un objet lourd, la bombe, se rapprochait inexorablement d'eux. Oliver fut quelque peu hypnotisé par l'objet, comme il l'aurait été devant le chant final d'un opéra, avec ses mélodies crescendo, cette explosion de notes pures et cristallines. Aussi stupide que cela pouvait paraitre, il pensa à Ava Masters, à cette si belle femme qu'il aurait voulu, au moins une fois, inviter à prendre le thé, ou à dîner... un rêve improbable ! Il ferma les yeux et par réflexe, il mit les mains sur sa tête.
DRIIIIING !!! Oliver sursauta sur son siège, avec une telle violence, qu'il bascula en arrière. Sa nuque heurta violemment le sol déclenchant une douleur vive et un léger étourdissement. DRIIIIIING !!! Comme épileptique, il effectua plusieurs mouvements pour se dégager et se traina sur le sol, les yeux exorbités. Qu'est-ce qu'il se passait ??? DRIIIIIING !!! Il posait son regard bleu aux pupilles dilatées, partout, comme pour essayer de capter tous les détails. Et surtout de reprendre ses esprits. Où était James ? Ca y est ? La mort les avait fauchés ??? DRIIIIIING !!! A chaque respiration saccadée, un nuage de buée témoignait du lieu où il se trouvait. Son poste. Petit à petit, son cerveau se remit en route et reprit le contrôle des événéments. Stop l'adrénaline... on calme le jeu ! On respire... On... DRIIIIIING !!! Il venait de faire un mauvais rêve... En sueur, malgré le froid ambiant, il se releva pour faire taire ce téléphone qui lui explosait les tympans ! Il décrocha le combiné et une voix rocailleuse se fit entendre au bout du fil... un officier supérieur...
- Bon sang Ryan ! Mais qu'est-ce que vous foutez ?
- Je... Je vous demande pardon Colonel... je...
- J'ai failli vous envoyer la cavalerie, nom de Dieu ! Votre rapport !
- Euh... je... euh... rien à signaler.
- Je vous envoie la relève. Mais la prochaine fois que vous ne décrochez pas ce fucking téléphone, je vous colle au trou !!!
L'officier raccrocha sèchement. Oliver remit le combiné à sa place, en tremblant. Le froid lui revenait en pleine figure. Et puis, il sentait bizarre, comme s'il était mouillé. En baissant les yeux, il se rendit compte que son pantalon était trempé... Dans la panique, il s'était carrément pissé dessus. Il rougit tellement, que l'on aurait pu le confondre avec l'arrière-plan du drapeau nazi. Des larmes roulèrent sur sa joue. Un mélange de tristesse, de pathétisme mais aussi de joie. Le bonheur d'être là, toujours en vie... que tout n'ait été qu'un cauchemar ! Il avait le teint livide lorsque la relève arriva, malgré la honte qu'il parvenait à dissimuler. Pour justifier la tâche sur son pantalon, il prétexta s'être renversé son thé dessus, par maladresse. Cela passa sans problème. En même temps, qui aurait pu comprendre l'énorme moment de panique qu'il venait de vivre ? Après tout, ce réveillon était d'un calme olympien ! Londres le célébrait, paisible. Malgré l'adversité, malgré l'ambiance morose et les bombardements. Oliver sortit de sa salle et marcha d'un pas rapide dans les couloirs éclairés. Il arriva à son dortoir, où personne d'autre ne se trouvait. Sans trop réfléchir, il prit des affaires propres et se rendit à la douche commune. Il y resta plus qu'il ne l'aurait fallu, profitant de l'eau chaude qui tombait sur son corps, pour laver son esprit de toutes ces péripéties. Puis, quand il eut terminé, au bout d'un long quart d'heure, il enfila ses habits, une chemise blanche, ainsi qu'un pantalon et une veste beige. Il mit en place ses bretelles, ses mocassins noirs, puis enfila un manteau. Dans un sac, il se hâta de mettre son uniforme souillé... Il le ferait laver par sa mère, c'était souhaitable... pour éviter l'humiliation.
Quand il fut à l'extérieur, il regretta d'avoir oublié son écharpe et ses gants. A plusieurs reprises, il manqua glisser sur le verglas. Vu l'heure, pas de métro... mais ce n'était pas plus mal, Oliver avait besoin de marcher... ce soir il retrouverait ses parents. Il redoutait ce moment, mais il avait hâte de les revoir, de les serrer contre lui. L'odeur rassurante de sa mère lui manquait. La voix grave et douce de son père également. Si seulement il les avait écoutés ! Mais pas question de se plaindre... il ne voulait pas les déshonorer, ou les faire s'inquiéter, alors il tairait tout, de la bataille de Dunkerque et ses horreurs, au désastre onirique de ce soir. Le visage de James ne tarda pas à venir occuper sa réflexion. La bonne nouvelle c'est que tout allait bien pour lui. Il n'avait rien... et si ça ce se trouve, il était déjà chez lui, pour fêter le réveillon en famille... Oliver continua sa marche dans les rues de Londres, d'un pas assez pressé. Malgré tout, la hantise d'entendre les sirènes l'habitait. Cela l'habiterait encore pour longtemps, d'ailleurs.
FIN pour Oliver
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Sujet: Re: MINI-INTRIGUE - Noël du Présent {Oliver & James}