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Sujet: Codename : Freelance Mar 3 Juil - 12:24
Codename : Freelance
Every man is surrounded by a neighbourhood of voluntary spies
C'est une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Le plan est au mieux incomplet. L'objectif, incertain. La cible, pratiquement inconnue. Le contraire de ce qu'ils vous apprennent à l'entraînement. Mais elle n'a pas le choix : le rendez-vous est fixé. Jeudi, quatorze heures, sous les arcades qui font face à l'église Saint-Paul. Il est trop tard pour reculer, maintenant. La jeune rousse contemple les aliments qui s'étalent sur les échoppes devant elle, en réalité guettant l'apparition d'un visage particulier dans les vitrines reluisantes de Covent Garden. Même en temps de guerre, le marché aux légumes bat son plein, chaque chaland vantant sa marchandise plus fort que son voisin.
Elle regarde une dernière fois la photographie en noir et blanc, avant de la ranger dans l'une des nombreuses poches de sa jupe longue. Le portrait étant pris selon les critères de l'armée, il est bien entendu coupé à hauteur des coudes. Impossible de dire s'il est grand ou simplement de taille moyenne. Il n'a pas l'air effrayant, pour autant qu'elle puisse en juger. Mais il ne faut pas se fier aux apparences : la demoiselle à la jupe longue le sait mieux que quiconque, elle qui a suivi ces derniers mois une formation intensive dans les arts nombreux de l'espionnage.
Elle repense au jour où tout a commencé, et sa main gauche se serre involontairement dans son autre poche, le poing fermé protégeant une feuille de papier imaginaire. Elle connaît encore le texte par cœur, et se le récite de mémoire pour tromper l'attente.
CONFIDENTIEL a écrit:
SUJET : CONFIDENTIEL AGENT RESPONSABLE : DELTA HERMAN SECTION RESPONSABLE : GER DEPT
Concernant le potentiel recrutement de EMCEE CIRCUS dans le cadre de l'opération SAUERKRAUT. Opération en cours. Cible sous surveillance. Approche prévue pour le 29 JUIN.
Le document remplit deux pages, contenant principalement les conclusions de l'agent en charge de la surveillance, le fameux 'Delta Herman'. Les mots couramment employés pour désigner les initiales D. H. en code Morse, ainsi nommé pour son inventeur, le célèbre Samuel Finley Breese Morse. Ce code est connu pratiquement de tous les agents secrets, aviateurs et policiers du monde civilisé : malgré cela, les services secrets britanniques le considèrent sûr, tant qu'il s'agit simplement de camoufler des initiales ne pouvant être simplement devinées.
Ce que n'ont pas prévu les agents du renseignement de Sa Majesté, c'est que ce document se retrouve non pas entre des mains ennemies, mais simplement curieuses. Celles de Kathleen Kearney, 24 ans, fraîchement recrutée par le MI-5 pour infiltrer les réseaux nationalistes irlandais installés à Londres. Si elle n'a encore que quelques semaines d'expérience, la jeune fille sait parfaitement à quoi correspond l'abréviation GER DEPT. Il s'agit de la Section Allemagne, au sein du service nouvellement créé à l'occasion de la guerre : le Special Operations Executive.
Après avoir fouillé quelque peu dans les archives de ce service, et après quelques conversations des plus intéressantes avec les secrétaires du deuxième étage de la Thames House, elle a élucidé le mystère des initiales. Selon toute probabilité, elles renvoient à l'agent Hammond, Denys de son prénom. Ce dernier a reçu hier une note typographiée anonyme l'invitant à se trouver en face de l'église Saint-Paul le lendemain à quatorze heures.
Viendra-t-il au rendez-vous ? Rien n'est moins sûr. Kathleen a soigneusement évité de prendre un ton menaçant dans son message : le SOE est l'un des secrets les mieux gardés du gouvernement britannique, et elle n'a aucune envie de découvrir si sa hiérarchie est supérieure à celle du MI-5. Elle s'est donc contentée de mentionner la découverte d'un rapport 'intéressant' par ses 'collègues' - coup de bluff destiné à la protéger, bien sûr. Car, au MI-5, personne n'est au courant de cette mission que la jeune Irlandaise s'est attribuée en freelance.
Elle veut en savoir plus sur ce mystérieux service, dont même les secrétaires du deuxième, pourtant d'incorrigibles pipelettes, refusent de parler. Elle est seule, sans renforts possibles. Mais cela, l'agent Hammond ne le sait pas...
Elle interrompt sa répétition du texte - si sa mémoire est bonne, et elle l'est, il ne lui restait plus qu'un paragraphe - car une silhouette connue vient d'entrer dans son champ de vision. Elle se retourne, dos tourné aux échoppes alléchantes, et se plonge ostensiblement dans la lecture du Times. Son signe de reconnaissance. Elle voit l'agent Hammond se diriger vers elle, mais elle n'ose pas le dévisager. Toujours donner l'impression de maîtriser la situation : leçon qu'elle a apprise le premier jour de sa formation. Espérons que l'illusion soit convaincante...
Monsieur Hammond salue-t-elle rapidement lorsqu'il s'approche d'elle. Que pensez-vous des dires de notre Premier Ministre ? continue-t-elle pour entamer la conversation, montrant la première page du journal sur laquelle s'étale en lettres capitales la nouvelle du jour : THE BLITZ IS OVER !
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Denys Hammond
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Sujet: Re: Codename : Freelance Dim 8 Juil - 14:39
Quand Denys avait été contacté quelques jours plus tôt pour le prévenir d'une brèche, le jeune homme avait eut un rire cynique. Une brèche? Quelle brèche? Sa section n'était pour le moment que chimérique. On l'avait recruté pour monter un réseau de spécialistes de l'Allemagne, pour tente de créer un sentiment de rébellion dans les pays mêmes créateurs du nazisme, pour faire tomber le pouvoir de l'intérieur. Et pour l'instant, où en était-il? Il traduisait des rapports à l'ambassade américaine, se faisait fermer des portes aux nez par ceux qui auraient pu l'aider, et se faisait regarder de haut par ses compatriotes qui partaient du principe qu'un jeune homme de son âge qui ne portait pas l'uniforme était un lâche. Alors franchement, qu'il y ait une brèche... Mais comme toutes les menaces potentielles de sécurité, il fallait prendre cela au sérieux, voyez-vous, il fallait absolument qu'il y ait vérification et contre vérification. Tamponner ce dossier comme "Secret Défense" et le ranger dans un endroit où il prendrait la poussière jusqu'à déclassification - si déclassification il y avait. Sur quoi était-on tombé? Et pire, qui était tombé dessus? S'il s'agissait de services alliés, cela pouvait encore se démêler, avec un sourire, quelques explications entourloupées, et une augmentation du budget alloué au gouvernement en exil. Si par contre c'était l'ennemi... Et l'ennemi n'était pas forcément allemand. Il était parfois aussi membre du gouvernement. La création du SOE ne faisait pas l'unanimité, surtout chez les services classiques. MI5 et MI6 qui ne s'appréciaient guère, avaient réussi à trouver un ennemi commun, le SOE.
Bref, cela n'avait rien de très rassurant alors que Denys enfilait son chapeau et s'assurait que sa cravate était correctement mise avant de sortir de sa petite chambre, saluant sa logeuse d'un charmant sourire et d'un "bonjour" enjoué avec son accent écossait, alors qu'il n'en pensait pas un mot. La vieille dame l'appréciait, il le savait. Elle ne connaissait pas les tenants et aboutissants de sa carrière mais quand on lui avait remit une lettre de recommandation du gouvernement, elle n'avait que pu se sentir flattée qu'un jeune homme qui avait l'air important habite chez elle. A peine la porte passée et prenant la direction des vieilles halles, Denys reprit sa mine sombre d'homme préoccupé. Il l'aurait été à moins. Devoir rattraper les bêtises des autres... Le temps était pourtant doux à l'extérieur, mais il n'y fit absolument pas attention, tentant de s'assurer plutôt qu'il n'était pas suivi, faisant des détours et revenant parfois sur ses pas. Chose élémentaire de l'espion. Cela, il l'avait comprit, même s'il n'était pas encore le parfait espion de roman qu'il aurait voulu être. Il savait par avance où retrouver sa cible, et à quoi la reconnaître. Elle devait lire le Times. Il pesta cependant intérieurement, n'importe qui pourrait lire le Times.
En arrivant au halles, il prit le temps de passer d'un étal à l'autre, les vendeurs criants et lui rappelant des vendeurs de tapis. Bien que les légumes aient l'air beau, il remarqua cruellement le manque de diversité. C'est la guerre, ma bonne dame... Lentement mais surement, il s'approcha du point de rendez-vous et hésita un instant, plusieurs personnes lisant le journal. Il élimina à trois qui lisaient le Times. L'une était un homme respectable accompagné de ce qui semblait être son épouse, l'autre un adolescent qui voulait se donner un air important. Il réduisit donc la possibilité à la jeune femme seule à une table. Table stratégique, où on pouvait observer beaucoup sans être vraiment vus. Denys slaloma entre les chaises et s'installa en face d'elle, avant de faire signe au serveur qui hocha la tête, signe qu'il serait avec eux dans un instant.
Elle posa le journal en ce même temps et entama la conversation avec cette simple question:
-Monsieur Hammond. Que pensez-vous des dires de notre Premier Ministre ?
Le jeune homme la fixa. Etait-elle sérieuse? Il n'était pas venu pour parler communication. La manière dont Churchill décidait de mener tout cela ne le concernait pas vraiment, pas à l'instant. Il décida donc de couper court:
-"Contentez-vous de ce que vous avez, et faites-en le meilleur usage possible."
Devant l'air interrogateur de son rendez-vous, il expliqua:
-Robert Baden-Powell. On ne lit pas énormément dans vos services?
Le garçon s'approcha et Denys commanda deux thés, un pour lui et un pour la jeune femme. A son accent, il avait comprit qu'elle était irlandaise. Que venaient faire les irlandais dans cette histoire? N'avaient-ils pas leurs propres affaires à mener? L'Eire avait complètement fermé ses portes aux navires et avions alliés, se déclarant totalement neutre dans cette histoire. Alors était-elle du Nord? -Si vous semblez savoir qui je suis, je n'ai aucune idée de qui vous êtes ou de ce que vous voulez, alors pourrions-nous aller droit au but, je vous prie?
Ce n'était pas très nuancé de sa part, mais il n'avait aucune raison d'être l'homme présent. Quelle idée d'envoyer un agent potentiellement compromit faire face à celle qui pouvait le compromettre? Denys était bien sûr armé, mais il ne pouvait pas tirer une balle dans la tête de la jeune femme en plein lieu public. Et puis il n'avait jamais tué, alors il n'allait pas commencer comme ça.
Codename : Freelance
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