I Will Follow + {Judith}

Je suis né-e à Saint-Pétersbourg en 1918. Mon arrivée à Londres a eu lieu en 1920, alors que mon père est été interné pour folie, après la guerre de Russie. Cette ville me plait moyennementcar ici, je n'ai pas vraiment d'amis et mon beau-père ne m'aime pas du tout, et ma mère ne me parle plus et ,e s'occupe plus vraiment de moi, ce n'est pas que ça me dérange mais ça m'énerve quand même un peu. Depuis le début de la guerre, ma vie a changé, je suis désormais Home Front, car dans la vie je suis volontaire au WVS mais j'espère pouvoir un jour travailler en tant que violoncelliste au Royal Albert Hall. Côté amours, je suis célibataire, mais je crois qu'on projette de me marier, que voulez-vous, c'est ainsi. Ma tête ? Il s'agit de Holliday Grainger par Ivy

Depuis son début, la guerre a-t-elle affecté ta vie directement ?

La guerre ? Elle m'a beaucoup affectée. D'abord, celle de Russie, la première guerre mondiale, et puis celle-ci... Cela fait beaucoup. Ma famille, du moins ce qu'il en restait, a fuit la Russie après le décès de mon père, j'était encore petite à cette époque, je n'en conserve pas beaucoup de souvenirs précis... mais cette guerre, de quarante-cinq, elle a pris mon frère, et puis de toute manière, entre mon beau-père qui boit pour oublier et ma mère qui l'imite, je ne sais pas si la guerre a tout bon, mais si on est sous une emprise, doit-on se libérer ou céder ? Je ne sais pas, mais tout ce que je peux dire, c'est que les guerres, c'est affreux.

Es-tu pour la victoire de la Grande Bretagne, ou préfèrerais-tu voir ce conflit s'arrêter au plus vite, avant qu'il ne s'aggrave, quitte à voir la Grande Bretagne y perdre beaucoup ?

J'aimerais beaucoup que ce conflit s'arrête vite et que la Grande-Bretagne sorte victorieuse de la bataille. Malheureusement, ça ne se passe pas exactement comme ça et pour l'instant, la situation me paraît critique pour le pays. Si l'on arrête de se battre, oui, on perdrait énormément, même s'il ne s'aggrave en nombre de morts, mais on perdrait plein de choses, oui, sans doute. Peut-être qu'il faut continuer, mais faire ce qu'il faut pour que tout ça s'arrête au plus vite. Mais si ça s'éternise trop, cela peut être plutôt négatif pour tout le monde. Je ne sais pas ce qu'il faut faire, mais tout ce que je voudrais, c'est que la guerre s'arrête et que la Grande-Bretagne soit gagnante.

Quel est ton but dans la vie? Pourquoi es-tu à Londres ?

Lorsque je suis venue à Londres, j'était petite, je ne me souviens plus trop de tous les détails de notre arrivée. Je sais, enfin, je me rappelle que dès lors que nous avions posés nos valises, un homme nous a abordé et nous a emmené dans une maison. Quelque chose comme ça. Je ne m'en rappelle plus. Moi, je n'ai jamais voulu venir à Londres, on m'a emmenée là, mais je m'y plaît moyennement, enfin, c'est pas la joie tous les jours. Maintenant que je suis dans cette ville, j'ai un objectif: travailler au Royal Albert Hall en tant que violoncelliste, et rien d'autre, mis à part aider de mon mieux les employés du WVS, et de partir de la maison de mon beau-père, me marier et avoir une belle maison. Cela fait beaucoup mais c'est tout ce que j'aimerais, après, on verra.

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Je m'appelle Pauline - Prometheus / Hélices / HYA et j'ai quelques années. Je suis en [mystère.] et je m'intéresse grandement à ce forum puisque la seconde guerre mondiale m'a séduite, si on peut dire, et que le contexte m'a tout de suite plu... J'ai trouvé le forum via Bazzart. D'ailleurs je le trouve super génial mais j'avoue que j'ai eu assez de mal à comprendre tout le contexte, les personnages, les abréviations et que dans ma tête tout n'est pas très clair encore... A bientôt en RP!

   

1918-1920

« Madame, j'ai le regret de vous annoncer la mort de votre mari, MR. Strugatsky, à l'asile de Saint-Pétersbourg, hier soir vers vingt-et-une heures. »
Les rideaux blancs, de soie, volaient dans la pièce. Dehors, les oiseaux chantaient, gazouillaient. Comme si les paroles qui venaient d'être prononcées ne leur faisaient rien. C'était, d'ailleurs, peut-être bien vrai. Mais ce n'était pas l'avis de Madame Strugatsky, à présent veuve. Le café dégoulina sur le tapis. Une tâche, de plus en plus grosse, se formait sur les broderies, humidifiant le sol et le tissu. On entendit la tasse, précédemment tenue fermement dans la main de la récente veuve, se briser sur le sol, et on vit Madame porter sa main à sa bouche. Puis on la vit éclater en sanglots. Et ses deux enfants l'accompagner.

C'est ainsi que la famille des Strugatsky s'en allèrent, fuyant la Russie et sa guerre. Il fallait faire vite, bien sûr. Très vite, pour passer la frontière. La femme et ses deux enfants, dont un nourrisson, n'avaient pas emmené beaucoup de choses de son ancienne, belle et grande maison. Quelques vivres, de quoi tenir quelques jours, des vêtements, un album photo, de l'argent, toute la richesse en liquide dans le porte-monnaie imposant de la famille. Un miroir de poche, aussi, et quelques accessoires de coiffure, un collier de riche. Tout ça, quoi. Les trois individus se rendirent près de la frontière. Là-bas, ils rencontrèrent un homme, qui les aida à fuir, contre une somme d'argent assez importante. Traversant les forêts, évitant toute garde, ne faisant pratiquement pas de pauses. Et sans rien dans le ventre, juste d'horribles gargouillis qui tordaient leurs estomacs trop habitués à une nourriture trop riche. Ils passèrent la nuit dans une vieille maison quelque peu délabrée, sous une couverture chaude, avec un ou deux croutons de pain et du lait dans leur estomac. Un endroit à l'abri des regards, où personne ne viendrait les chercher, parce qu'ils avaient peur. Qui n'avait pas peur, après tout ? Ils avaient passé la frontière, non sans problèmes et sans égratignures. Mais ils l'avaient passée, au moins, c'était fait. La veuve et les deux orphelins étaient blottis les uns contre les autres, et pour la énième fois de la semaine, ils dormaient dehors, et non dans un lit aux couvertures brodées, chaudes qui sentaient bon. Pour une fois...

Le lendemain, et tous les autres jours qui suivaient, ils marchèrent. Longtemps, presque sans s'arrêter, prirent le bateau, atteignirent les pays du bord de mer. La mère avait entendu parlé de l'Angleterre, et de ses avantages. Elle avait envisagé d'y aller, mais comment ? En bateau ? Qui les ferait traverser ? A qui faire confiance ? Pourtant, c'était la seule solution. Se rendre à Londres, commencer une nouvelle vie et enterrer à jamais ses origines, son passé... et son défunt mari. Ses enfants, elle leur donnerait une nouvelle chance d'avoir une vie meilleure. Oui, il fallait traverser, mais c'était compliqué. Vînt alors un monsieur. Un vieux monsieur, nommé Richard Richards. Cet homme étaient veuf depuis quelques temps, avait un fils à marié et devait se rendre à Londres en bateau le plus rapidement possible. Ce fût assez dur de convaincre son passeur d'accepter une femme et deux enfants à bord, mais lorsqu'il vît l'argent des Russes, il accepta, il le prit, se promettant de l'échanger rapidement.

Sur le bateau, la mère apprit à connaître son bienfaiteur. Il était riche, de bonne famille et avait un fils à marier. Ce dernier était veuf lui aussi, sa femme était morte en couches et le bébé n'avait, lui aussi, pas survécu. Il fallait donc remarier le fils pour avoir une descendance. Or, il se trouvait que Richard Richards se tenait devant une femme - plutôt jolie -, veuve avec deux enfants, dont un garçon. Cela pourrait peut-être marcher - du moins l'espérait-il -. C'est ainsi que la veuve Strugatsky se remaria avec le riche Mr. Richards (fils). Un an plus tard, les deux mariés eurent un nouvel enfant, une fille. Judith, la première fille, avait un an et demie, presque deux, même. Et le garçon en avait quatre.

Quelques années plus tard, dix environ, le beau-père des deux premiers enfants devînt de plus en plus distant, daignant leur adresser la parole, s'occuper d'eux. La mère n'avait d'yeux que pour sa petite dernière, délaissant les enfants du premier lit. Les domestiques, qui, eux, s'occupaient de tous les enfants de la famille, ne les aimaient pas beaucoup, et chérissaient la fille de Monsieur. Du haut de ses douze ans, Judith ne grandit pas du tout entourée d'amour, son frère non plus. La jalousie coulait dans leurs veines, diffusant un poison haineux à l'égard de l'autre chérie de leurs parents. Dans cette maison, il n'y avait qu'une seule personne qui les aimait, et encore... Le cuisinier leur donnait quelques friandises, qui, normalement étaient exclusivement réservées aux gentils enfants. Bien sûr, les deux Strugatsky étaient plus sages que Dame Richards, mais malheureusement, l'amour (paternel et maternel) rend aveugle. Le frère et la sœur jouaient souvent ensemble. Parce que personne ne voulait jouer avec eux.

En 1940, Judith avait vingt-deux ans environ. Son frère, plus âgé, était parti faire son service militaire, la laissant seule avec leur beau-père et leur sœur. Ses parents projetaient de la marier, mais n'avaient pas encore trouvé le mari qu'il lui faudrait. Ils avaient réussi à se débarrasser du fils en l'envoyant chez les militaires, mais... la fille allait être plus difficile à caser. Qui voudrait d'une bonne à rien qui ne sait faire que de la musique classique ? Et puis, la musique classique, c'n'est bien qu'un temps ! Elle ne savait rien faire d'autre... même pas la cuisine ! Qui voudrait bien d'elle ? Le problème, c'est que toutes ces rumeurs sur Judith étaient fausses: elle savait faire la cuisine, le ménage, la lessive, tricoter, faisait un peu de peinture, et jouer du violoncelle. Depuis quelques temps, pourtant, Mr. Richards avait décidé d'emmener sa fille à quelques soirées, louant ses qualités, reniant ses défauts. Quelques riches - et moins riches, d'ailleurs - prétendants s'étaient présentés mais finalement aucun n'avait été vraiment convaincant et à chaque fois, chaque fiancé avait un soi-disant problème reculant, ou annulant le mariage. Un décéda subitement d'une maladie, un autre dû s'exiler pour une raison non dévoilée... un autre avait trouvé une femme avant les fiançailles officielles...

La situation ne cessait d'empirer, Judith ne trouvait toujours pas de mari, n'avait pas un travail bien payé. La guerre approchait à grands pas.