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 Mad Tea Party - Susan

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Victoria Irvin
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MessageSujet: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptyMer 11 Mai - 9:49




Etant en jour de repos, Victoria avait enfilé un costume civil, un simple tailleur tirant sur les tons bordeaux, passé sur une chemise crème. Ses cheveux coiffés en vague, comme c'était la mode, et un petit chapeau noir à voilette passé par dessus, elle se sentait comme déguisée. Elle avait tellement prit l'habitude de son uniforme bleu qu'elle en perdait les habitudes civiles. Sa manière de s'habiller lui paraissait dater d'un autre temps. D'"avant", avant qu'elle sache qu'elle pouvait faire plus, à l'époque où elle était encore dans son petit cocon familial, bien au chaud, à l'abri. Tout semblait bien différent désormais. Pire encore, elle voyait bien la différence avec les autres femmes de sa section. Sa tenue était de bien meilleure qualité que celles des jeunes femmes sous ses ordres. Si la différence n'était pas totalement effacée par l'uniforme, - restant les manières et la manière de se tenir -  elle en était pour le moins diminuée. Une fois habillée en civil, Victoria était de nouveau Lady Irvin, fille ainée du Marquis de Conway et de Lady Maud Wallace, avec tout ce qui incombait. Et cela, en étant réconfortant, était aussi un poids sur ses épaules. Elle se regarda dans la glace de sa petite chambrée. Elle n'avait jamais été du genre à beaucoup se maquiller de jour, sa mère et sa belle-mère lui avaient toujours dit que cela faisait vulgaire - un point sur lequel elles étaient d'accord, c'était rare - et une fois sortie de son uniforme pour ses vêtements civils, elle trouvait que la fatigue se marquait d'autant plus. Elle aurait bien aimé avoir un peu de poudre pour camoufler tout cela. Tant pis.

Saisissant un petit manteau de demi-saison - il commençait à faire froid, en octobre -, des gants et son sac à main, voilette rabatue sur son visage, la jeune femme quitta sa chambrée et le bâtiment, non sans attirer les regards de quelques jeunes officiers. Comme toutes les jeunes femmes en uniforme, une fois rhabillée en civil, elle était méconnaissable. Mais ce n'était pas tant sa tenue que la raison pour laquelle elle était habillée ainsi qui était étonnante. Susan Plumer, députée, femme politique éminente, l'avait invitée, le jour de sa convenance, à prendre une collation au salon de thé du Claridge's. Après un échange de courriers, les deux femmes avaient réussi à se mettre d'accord sur le jour de congé de Victoria. Bien que servant son pays, en tant que simple caporal, la jeune rousse ne savait pas si on l'aurait laissée pénétrer dans le prestigieux établissement. Mieux valait alors redevenir Lady Irvin. Mais, fidèle à sa nouvelle vie, et ne possédant pas de voiture, Victoria avait prit les transports pour se rendre de l'annexe du ministère à son rendez-vous. Bien connue du lieu - sa mère l'y emmenait à chaque fois qu'elle lui rendait visite à Londres, étant plus jeune - on lui ouvrit gracieusement la porte et elle fut menée au salon de thé où une table avait été réservée au nom de Mrs Plumer. Victoria s'y installa et commanda un afternoon tea pour deux, en attendant la célèbre députée.

Elle ne la connaissait pas bien, l'ayant simplement rencontrée à quelques événements mondains. Mais elle appréciait son courage et son audace, ce qui n'était pas le cas de beaucoup d'homme. Néanmoins, elle n'oubliait pas que la député était travailliste, là où la famille de la jeune femme avait toujours été conservatrice. Bien que Victoria n'ait pas vraiment d'opinion à ce sujet, elle se fiait aux idées des siens. Alors que le serveur lui apportait son thé, elle observait les passants. Quelle ne fut pas sa surprise d'appercevoir à l'entrée, dans son uniforme de l'ATA, Pauline Gowner, la commandante des femmes aviatrices. Celle pour laquelle elle rêvait de voler. Victoria en resta figée. Une autre, à sa place, se serait précipité pour oser demander une affectation. La jeune femme, comme pétrifiée, ne put pas bouger. Et quand enfin, l'idée de tenter sa chance lui traversa l'esprit, l'intrépide pilote était déjà partie. Victoria se mordit l'intérieur de la joue. Quelle idiote! A force de ne pas oser, sa vie allait lui passer sous le nez. Certes, c'était déjà quelque chose que d'avoir intégré la WAAF, mais au fond, elle en voulait encore plus. Elle y arriverait, il le fallait.

Susan était en retard. Victoria prit sa tasse de thé et la porta à ses lèvres. Il était parfait! Bien meilleur que celui qu'on leur donnait en salle de repos au ministère. La jeune femme savait bien qu'en tant que militaire elle était privilégié, on leur accordait toujours assez de ration malgré l'état du pays. Mais au civil, elle était aussi privilégié, ce qui n'était pas le cas de tous. Elle avait entendu certaines filles dire qu'elles s'étaient engagées pour fuir la misère des quartiers populaires... Et il n'y avait rien qu'elle pouvait faire. Enfin, Susan fit son entrée et se dirigea droit vers elle. Victoria se leva et lui tendit la main - manquant presque, par habitude, de se mettre au garde à vous.

-Mrs Plumer, je suis ravie de vous revoir.

Elle lui sourit avant de se rassoir, élégante, bien élevée, la parfaite Lady qu'on avait fait d'elle et qui n'avait pas grand chose à voir avec le Caporal.
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Susan Plumer
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MessageSujet: Re: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptyLun 16 Mai - 22:00

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Le manteau long lui battant les jambes, la députée traverse le hall de marbre sans jeter un regard en arrière. Cinq heures viennent de sonner, cinq fois l'épaisse cloche de Big Ben a retenti : elle est en retard, et elle le sait. Mais après tout qu'y peut-elle, si les débats s'éternisent ? Ce n'est pas sa faute... Enfin, pas cette fois-ci, du moins.
Pressant le pas pour devancer ses collègues fatigués, elle passe les monumentales grilles devant le Parlement et, sans un regard aux murs contre lesquels s'empilent les habituels sacs de sable, appelle un taxi. D'ordinaire, elle aime prendre le temps de se promener dans la City, mais cette fois elle ne peut pas se permettre de faire attendre trop longtemps son invitée. Il lui a fallu de la patience et de la persévérance pour obtenir un rendez-vous, il est strictement hors de question de réduire à néant ces efforts précieux !

Réglant le prix à l'avance, la brune replie ses longues jambes à l'arrière de la voiture noire, vérifie les plis de sa robe bleu tempête (un choix d'Isidore, sobre mais élégant, comme toujours) et rajuste le tombé de son collier discret. Alors que le véhicule s'engage sur un boulevard bordé de luxueuses résidences, elle jette un rapide regard à son poignet : un petit quart d'heure de retard, le quart d'heure académique… Pourvu qu'on ait servi le thé, cela devrait garder son invitée occupée encore un instant.
Bientôt, la façade du plus chic hôtel de Londres est en vue. Les souvenirs qu'elle a du Claridge's sont pour la plupart liés à son ex-mari, mais elle se rappelle également de certaines soirées passées ici avec l'ambassadeur norvégien et son épouse : d'ailleurs, note dans son agenda mental, ce cher Oskar mériterait bien un petit appel de courtoisie, un de ces jours.

Alors qu'elle s'approche du bâtiment, le liftier pousse la lourde porte de verre pour laisser sortir une dame que Susan connaît bien : il s'agit de Pauline Gowner, la célèbre aviatrice. Cette dernière incline la tête à l'approche de la députée, la gratifiant même d'un sourire. À sa vue, une idée germe dans le cerveau en ébullition de Susan : après tout, on attrape les mouches avec du miel, et non avec du vinaigre… Répondant au salut discret de la militaire, elle passe à son tour dans le hall de l'hôtel, sans même ralentir le pas.
On la débarrasse de son manteau couleur taupe, et elle se dirige vers la table que lui indique un serveur. Dans un coin relativement peu exposé, c'est parfait. Elle sourit lorsque son regard croise celui de son invitée : Lady Victoria Irvin, fille de deux de ses adversaires les plus farouches, a pourtant répondu positivement à sa demande de rencontre. La travailliste sourit encore au salut d'une raideur presque militaire de celle qui est aussi le Caporal Irvin, membre de la respectable et respectée WAAF.

Lady Irvin, tout le plaisir est pour moi. Je vois que vous avez déjà commandé… Vous ai-je fait attendre ? demande Susan, bien que ce ne soit que par souci des convenances. Bloody hell, elle le sait, qu'elle est en retard, si seulement ces fichues discussions sur l'achat de nouvelles armes voulaient bien prendre moins de temps, aussi !


Sans laisser rien percevoir de son énervement intérieur, l'élégante brune s'assied en face de son interlocutrice et met les quelques secondes de la réponse de celle-ci à profit pour s'emparer d'un scone.

Et comment vont vos parents ? Oh, et ce cher -elle sourit encore à ce mot : tout Londres connaît l'inimitié profonde qui la lie à Lord Wallace ?

Espérant que la demoiselle se contentera de ces politesses peu poussées, la députée poursuit :

Mais venons-en au fait, je ne vous ai pas invitée ici pour vous parler de vos parents... En réalité, j'aimerais discuter avec vous d'un projet qui me tient à cœur, et dont je me suis dit qu'il saurait sans nul doute vous intéresser...
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MessageSujet: Re: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptyVen 27 Mai - 11:01

Victoria avait toujours appris que la ponctualité était l'un des principes les plus importants. Il lui fallait donc être toujours le plus à l'heure possible - résultat de jours et d'heures de leçons de maintient et de bonnes manières dans ces écoles réputées pour jeunes filles de l'aristocratie britannique. La jeune galloise n'avait pas que de bon souvenirs dans ces lieux, si ce n'était ses rencontres avec celles qui étaient devenues ses amies. Mais il est des habitudes qui, une fois ancrées en vous, restent et vous formattent. Elle avait aussi apprit que quel que soit son emploi du temps, en tant que jeune femme, non mariée, n'ayant pas de maison à tenir, il était toujours beaucoup moins important que celui de ses interlocutrices qui, elles, avaient un carnet mondain et un emploi du temps remplis pour les huits prochaines saisons. Alors, puisqu'elle attendait une député, elle ne pouvait pas, petit caporal, se permettre de faire la difficile et prétendre que sa tâche était ô combien importante, surtout avec le fait qu'elle avait fini sa journée. Mais, dans son petit uniforme, elle se sentait différente. Plus tout à fait la jeune femme qu'elle était dix-huit mois plus tôt, mais pas encore une femme aussi indépendante que Susan Plumer qu'elle attendait en cet instant. C'était à des petits détails qu'on reconnaissait la différence entre femmes du même milieu social; l'assurance et la sensation d'être indispensable. Sa mère, dans un autre registre, l'avait aussi, cette assurance. Victoria, elle, en était encore bien loin.

En buvant sa tasse de thé, elle regardait par la fenêtre, le temps gris, incertain, en ce mois d'octobre. Il était à l'image du temps qui courrait. Mais il influençait aussi les tempéraments britanniques. Victoria était certaine que le célèbre temps brumeux du Royaume Uni avait une grande influence sur le caractère de ses compatriotes et avait donné ce flegme connu dans le monde entier. Pour avoir un peu voyager en Europe, surtout en France et en Italie, avant la guerre, la jeune femme avait bien réalisé qu'en fonction des pays, l'attitude et la manière de vivre était bien différente. De là à lier cela aux températures et au nombre de jours ensoleillés, il n'y avait qu'un pas. En regardant autour d'elle, on aurait presque pu croire que rien n'avait changé par rapport à avant la guerre. Les mêmes tenues, les mêmes tintements de cuillères en argent sur la porcelaine, le même brouhaha. Et pourtant, en regardant bien, on notait beaucoup plus d'uniformes - dont Victoria faisait partie - des mines plus sombres, plus préoccupées. Moins de bijoux et d'ostentations, aussi. Le rationnement, quoi qu'ayant beaucoup moins d'impact dans sa classe sociale que chez les ouvriers par exemple, se voyait néanmoins quelque peu. C'était déjà un gros choc pour elle, alors pour ces hommes et ces femmes qui avaient passé toute leur vie dans des conditions plutôt faciles, la Grande Guerre et la Guerre des Boers ayant eut un impact bien moins important sur sa classe sociale, elle n'osait imaginer...

Enfin, du mouvement à l'entrée du salon de thé lui fit lever la tête. Lady Susan venait d'entrer dans la pièce et la cherchait du regard. Victoria lui fit un petit signe, posant sa tasse de thé sur la table et se levant pour la saluer.

-Lady Irvin, tout le plaisir est pour moi. Je vois que vous avez déjà commandé… Vous ai-je fait attendre ?

Une fois rassise, Victoria lui sourit.

-Non, ne vous en faites pas. Il est devenu assez rare de profiter d'un tel lieu pour ne pas en apprécier chaque minute.

Et puis, elle n'était pas vraiment pressé, n'ayant rien de prévu après cet entretien - autre que rentrer finir ses rapports et les classer, cela va sans dire. Mrs Plumer s'assis en face d'elle et s'empara d'un scone.

-Et comment vont vos parents ? Oh, et ce cher...  Lord Wallace ?

Victoria dissimula un sourire amusé. Si on ne savait pas que son beau-père et Susan Plumer étaient opposés politiquement, c'est qu'on n'ouvrait jamais les journaux. Cela avait ajouté à la surprise de Victoria de se voir invitée pour le thé avec son interlocutrice. Mais elle était elle aussi de la bonne société, on ne pouvait refuser une invitation sans en faire un affront public.

-Mes parents vont très bien, je vous remercie. Papa a décidé de camper à Londres alors qu'il serait bien plus sûr de retourner au Pays de Galles... Le ministre est de son côté très occupé, Maman se plaindrait peut être de le voir à peine si elle avait elle-même le temps de respirer, plaisanta la jeune femme.

Après tout, il était coutume de faire un petit tour d'horizon de la famille quand on demandait des nouvelles. Mais elle s'en tint là, quelques mots, cela suffisait. Susan l'écouta d'un air un peu distrait, avant de reprendre sur un tout autre sujet.

-Mais venons-en au fait, je ne vous ai pas invitée ici pour vous parler de vos parents... En réalité, j'aimerais discuter avec vous d'un projet qui me tient à cœur, et dont je me suis dit qu'il saurait sans nul doute vous intéresser...

La jeune femme rousse fronça les sourcils. Un projet? Elle? Quelque chose de politique? Si ses idéaux suivaient - naturellement - ceux de sa famille, elle ne voyait pas vraiment en quoi elle pouvait bien intéresser Mrs Plumer, de près ou de loin. Victoria n'était pas sa mère et ne s'était jamais engagée en politique. Elle doutait d'ailleurs qu'une telle chose puisse plaire à qui que ce soit, à commencer par son fiancé.

-Un projet? Etes-vous certaine de vous adresser à la bonne personne?

La jeune femme avait fait une petite tentative d'humour, après tout, il n'y avait rien de mal à cela. Mais elle sentait au fond d'elle-même quelque chose allait aller de travers.
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MessageSujet: Re: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptyDim 17 Juil - 21:43

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La députée croise élégamment ses longues jambes sous la table. À son aise. Comme un chat qui observe attentivement le moineau qui lui servira de repas plus tard, elle scrute la jeune rousse en face d'elle. Cette dernière n'a pas l'air tout à fait à son aise au milieu de cette belle société - à laquelle elle appartient pourtant, en tant que fille du marquis de Conway. La députée met cela sur le compte de l'appartenance à l'armée. Cela change les gens, de répondre à une discipline de fer pendant des heures… Difficile de revenir à la vie civile, à une vie normale, après cela.

En quelque sorte, ce sort est aussi le sien. Comme Victoria Irvin, Susan a dû se tailler sa place dans un monde d'homme, tout en se défaisant de l'influence - pourtant positive au départ - de l'un des hommes de sa vie. Est-il plus ardu de sortir de l'emprise d'un père ou d'un mari, à cela elle n'a pas de réponse définitive. Son propre père - Pap's, elle le surnommait ainsi avant de partir pour Londres et voilà que cela lui revient, après toutes ces années  - est tout sauf un homme d'ambition. Instituteur dans l'une des deux écoles publiques de Colwyn Bay, cultivé certes, jamais il n'a été un obstacle pour la politicienne. Sans doute tout le contraire du père (mais aussi du beau-père) de Lady Irvin…

Bref. Une fois n'est pas coutume, voilà que Susan s'est perdue dans ses pensées. Non mais vraiment, à quoi pense-t-elle, elle a bien d'autres choses à faire ! Et tout d'abord, expliquer son projet à son invitée du jour. Comment formuler cela ? Les neurones de la députée fonctionnent à plein régime. Elle n'ignore pas que, malgré les similarités de leur parcours, Victoria et elle n'ont que peu en commun : origines, éducation, et probablement aussi vision du monde… Toutefois, elle garde l'espoir que leurs vues puissent s'accorder sur ce point : la situation des femmes. Voilà, elle devrait tout simplement l'aborder ainsi. Sans préciser tout de suite ce qu'elle sait pertinemment : ni le père, ni le beau-père de Victoria n'approuveront jamais ce qu'elle s'apprête à lui dire.

Esquissant un sourire des plus mondains alors que la jeune rousse répond à ses interrogations sur l'état de santé de ses parents, elle prépare ses mots avec soin.

Un projet? Etes-vous certaine de vous adresser à la bonne personne?

Ah. De ces paroles, Susan déduit que son interlocutrice ne partage pas la tradition politique familiale - qui consiste, cela va sans dire, en un conservatisme aristocratique bon chic bon genre. Cet élément pourrait jouer en sa faveur, si elle y prend garde, songe la députée.

Tout le monde peut avoir des projets, Victoria… Je peux vous appeler ainsi ? Poursuivant sans attendre l'approbation, la députée se lance - enfin. Voyez-vous, je travaille en ce moment sur un projet de loi qui, je pense, n'a que trop tardé.

So far, so good. Maintenant, reste la partie difficile : présenter la proposition sans effaroucher la jeune fille, l'amener à s'engager dans la campagne. C'est maintenant que tout se joue - ou presque. Car sans l'appui de la demoiselle, Susan devra retrouver un soutien aristocratique au moins aussi prestigieux, sans compter que deux de ses principaux adversaires connaîtront sa proposition et pourront d'autant plus facilement y objecter.

Reprenant comme si de rien n'était le cours de ses explications, la députée continue : Êtes-vous déjà fiancée, Victoria ? Et comptez-vous vous marier bientôt ?

Ces questions vont sans doute détourner un peu la conversation, mais Susan sait parfaitement où elle va. Et déjà, elle poursuit (il faut dire qu'elle connaît déjà la réponse, elle qui a préparé cette entrevue avec tant de soins) : Mais savez-vous seulement le nombre de possibilités que cela va vous offrir ? Oh, je ne parle pas d'un manoir dans les Cornouailles… Non, je vous parle d'opportunités de carrière.

Ça y est, elle voit le doute poindre plus clairement dans le regard de son interlocutrice. Elle a son attention pleine et entière, et elle compte bien en profiter.

Vous pourrez bientôt accéder à des postes de professeur, ou encore de fonctionnaire (d'ambassadrice, et non plus juste de secrétaire), et peut-être même à des postes haut gradés au sein de l'armée… Tout cela est plutôt avantageux, n'est-ce pas ?

Laissant à peine à la jeune fille le temps d'assimiler ses paroles, Susan continue, se faisant presque théâtrale - héritage de toutes ces années passées entourée d'artistes, elle sait parfaitement comment captiver son auditoire.

Mais, me direz-vous, pourquoi n'y avez-vous pas accès dès maintenant ? On vous a sans doute dit que c'était par manque d'expérience, ou de qualifications. Mais figurez-vous qu'en réalité, c'est inscrit dans la loi : vous ne pouvez pas accéder à ces postes tant que vous ne serez pas mariée…

On atteint enfin le cœur du problème. À ce stade, la députée se détend imperceptiblement, et s'autorise même à boire une gorgée de son thé, encore brûlant. Tout en attendant les questions qui ne pourront que surgir de la part de Victoria…
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MessageSujet: Re: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptySam 23 Juil - 11:33

Victoria ne saisissait pas vraiment ce qui avait poussé Susan à l'inviter ce jour là. Se retrouver dans un tel lieu, alors que dehors la guerre faisait rage, les gens fuyaient leurs maisons pour s'abriter des bombardements, et parfois mourraient, lui paraissait presque incongru. Elle avait pourtant l'habitude de ces endroits magnifiques depuis l'enfance. Elle y avait été invitée, y avait reçu, y avait même été élevée pour certains. Cela lui paraissait étrangement proche et loin à la fois. Elle avait changé, n'en déplaise à ses parents qui aimaient garder d'elle cette vision de petite fille modèle, modelable à souhait. Mais elle n'était pas non plus prête encore à se rebeller totalement. Se disputer avec eux lui paraissait totalement impensable. Pourtant c'était sans doute ce qui se serait passé si on avait apprit qu'elle avait accepté cette invitation. Elle n'avait aucune raison de ne pas l'accepter car bien que Susan ne soit pas véritablement du même bord politique que sa famille - et c'était peu de le dire, elle représentait tout ce que Lady Maud détestait - elles étaient à la base du même milieu social. Les convenances étaient tout ce pour quoi Victoria avait été élevée, il était impossible d'aller contre. Si elle était disponible et que l'invitation était en bonne et due forme, il n'y avait aucune raisons pour la jeune femme de ne pas s'y rendre. Dans son uniforme, les cheveux bien tirés en arrière, elle se trouvait jolie, mais sans plus. Parfaitement parfaite aurait dit sa belle-mère.

La conversation avec Susan s'engagea sur quelque chose de très simple, basique, des nouvelles de tout à chacun, quelques commentaires très simples... Mais cela ne lui disait toujours pas pourquoi la parlementaire avait voulu la voir, elle, pauvre petit caporal, aujourd'hui. Victoria aurait été moins naïve, elle se serait sans doute douté que cela avait un rapport avec son père et son beau-père, leur engagement politique, l'opposition de Susan, leurs manières différentes de voir la guerre et la manière dont la mener, sans oublier la gestion du Home Front, la vie et l'organisation des civils. Mais Victoria ne voyait pas cela. Certes, elle connaissait les orientations politiques de sa famille, la vie politique anglaise de manière générale, mais on lui avait toujours appris à rester silencieuse et hocher la tête, tout simplement. La politique n'était pas faite pour elle. Pour sa cadette, Winifred, il en serait certainement autrement. Mais pas pour elle. Et au final, cela ne l'intéressait pas plus que cela, bien qu'elle soit fiancée à un futur politicien d'envergure - chez les Jolliffe, on était Pair du royaume de père en fils, impossible d'y déroger - elle ne se voyait pas "la femme guidant l'homme dans l'ombre", ce n'était pas pour elle. S'engager dans l'armée lui avait apporté une bouffée d'air frais dont elle ne savait même pas avoir besoin. Et il était difficile d'imaginer revenir en arrière. L'impact sur la personnalité de la jeune femme ne se faisait pas encore sentir, mais il arrivait à petit pas. Susan avait choisit le bon moment, elle était encore fragile. Et quand elle aborda son "projet", Victoria ne put s'empêcher d'ouvrir ses grands yeux bleus comme deux soucoupes bien rondes. Elle, participer à un projet de la politicienne?

-Tout le monde peut avoir des projets, Victoria… Je peux vous appeler ainsi ? Voyez-vous, je travaille en ce moment sur un projet de loi qui, je pense, n'a que trop tardé.

Pour cacher son étonnement, Victoria plongea dans sa tasse de thé, se contentant de hocher la tête vaguement. Dans quoi avait-elle été embarquée?

-Êtes-vous déjà fiancée, Victoria ? Et comptez-vous vous marier bientôt ?

La jeune femme figea son geste. Quel était le rapport? Ses fiançailles avec Teddy Jolliffe étaient assez anciennes pour qu'on se demande s'ils allaient jamais se marier - Victoria n'osait l'imaginer. Et pourtant son coeur balançait bien ailleurs, d'une manière dont il n'avait jamais battu - mais il était de notoriété publique qu'ils étaient engagés.

-Eh bien... Theodore Jolliffe et moi sommes fiancés depuis quelques années maintenant. Nous aurions dû nous marier mais la guerre a bouleversé ces plans. Le mariage est repoussé pour le moment.

La jeune femme restait évasive. Elle ne voulait pas trop en dire.

-Mais je ne vois pas le rapport avec votre projet?

-Mais savez-vous seulement le nombre de possibilités que cela va vous offrir ? Oh, je ne parle pas d'un manoir dans les Cornouailles… Non, je vous parle d'opportunités de carrière. Vous pourrez bientôt accéder à des postes de professeur, ou encore de fonctionnaire (d'ambassadrice, et non plus juste de secrétaire), et peut-être même à des postes haut gradés au sein de l'armée… Tout cela est plutôt avantageux, n'est-ce pas ?Mais, me direz-vous, pourquoi n'y avez-vous pas accès dès maintenant ? On vous a sans doute dit que c'était par manque d'expérience, ou de qualifications. Mais figurez-vous qu'en réalité, c'est inscrit dans la loi : vous ne pouvez pas accéder à ces postes tant que vous ne serez pas mariée…

Susan savait parler à son publique, il n'y avait pas à chipoter. Il était évident qu'elle avait préparé son discours et qu'elle savait exactement comment le dire et à qui. Victoria avait presque la tête qui tournait. Mais... Elle n'avait jamais vraiment voulu de tout ça. Elle n'y avait même jamais réfléchit. Elle voulait simplement servir son pays. Le reste... La jolie rousse n'avait pas les mêmes préoccupations que certaines autres jeunes femmes de son âge, due à son milieu privilégié. Elle reposa sa tasse sur la petite table, tremblant légèrement.

-Je... oui... enfin... je ne suis pas certaine de vous suivre. Je n'ai jamais... pensé à tout ça. Je ne suis même pas certaine de le vouloir. Je ne sais pas... Cette loi aurait du bon, mais... Est-ce le moment? Cela ne peut-il pas attendre après la guerre?

Elle n'était pas engagée en politique, mais cela ne l'empêchait pas, racines conservatrices ancrées en elle, de ne pas spécialement aimer le changement.
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MessageSujet: Re: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptySam 1 Oct - 13:28

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Les serveurs passent, en tenue impeccablement repassée, à côté des deux femmes ; le Claridge's ne désemplit pas, même en temps de guerre, incarnation du flegme britannique dans toute sa splendeur. Un flegme que certains prennent pour du cynisme mais qui, chaque Anglais le sait, n'est qu'une façade.
Susan en connaît un bout sur les façades. Après tout, elle n'est pas politicienne pour rien... Se cacher derrière des apparences irréprochables, arborer une expression figée, indéchiffrable, se composer un visage de marbre, sont autant d'aptitudes qu'elle a apprises dès son mariage avec Robert Plumer.
Mais visiblement, la jeune Lady Irvin n'a pas encore acquis ces compétences des plus utiles. Cela se voit à son regard, soudainement fuyant. C'est audible dans sa voix presque chevrotante, perceptible dans sa manière de reposer sa tasse brusquement, comme si elle perdait le contrôle de ses mains.

Susan se sentirait presque mal d'avoir pris pour cible cette demoiselle sans défense. Presque. Car, en matière politique, la députée est intraitable. Elle a un poste et une réputation à défendre, et puis elle sait que ses adversaires ne lui feront pas le cadeau de la traiter plus gentiment juste parce qu'elle est une femme. Non, c'est à elle de se tailler son chemin, de se battre pour sa place à Westminster. C'est à elle de porter ses projets jusqu'au bout, de se salir les mains, de rencontrer toutes les personnes susceptibles de l'aider.
Au fil des années, elle a acquis une certaine dureté, comme ces diamants encore renforcés par l'usage que l'on fait d'eux. Elle a appris à penser à tout, à tout prévoir, à calculer des opportunités en une fraction de seconde… Mais la jeune Victoria, elle, n'a pas encore cette expérience de la vie. Lorsque l'héritière lui affirme qu'elle n'a jamais pensé à "tout ça", qu'elle n'est pas certaine de "le vouloir", Susan soupire.
Tu m'étonnes... Tu n'as jamais eu à t'en soucier, pourquoi y aurais-tu pensé ? songe-t-elle presque cruellement. Elle avait oublié à quel point les jeunes filles de bonne famille peuvent être naïves, parfois. Elles qui ont grandi dans le luxe, ou du moins dans un confort cotonneux, isolées du monde réel et de ses problèmes... Elle les plaint plus qu'elle ne les critique. Car le jour où ces demoiselles fragiles devront faire connaissance avec la réalité, elle sait que leur souffrance sera plus importante que celle des filles d'instituteurs ou de mineurs.

Bon, au moins, son interlocutrice n'a pas refusé de poursuivre la conversation. Elle aurait pu se lever, partir, déclarer que Susan était une folle ou une inconsciente… Elle n'en fait rien. Ce qui ne signifie qu'une chose aux yeux de la députée : elle a encore une chance. Elle reprend une gorgée de son thé, décidément délicieux, avant de répondre.

Je crois même que c'est le moment ou jamais, figurez-vous. En effet, quand l'Angleterre a-t-elle besoin de femmes compétentes ? Maintenant, alors que nous sommes en guerre, la nation a besoin de toutes les ressources disponibles ! Les femmes sont déjà dans les usines, où elles remplacent les hommes mieux que l'on aurait pu l'espérer ; pourquoi ne pas les mettre également à la tête des services d'administration, ou même, oserai-je le dire, aux commandes des avions ?


Elle espère, par cette dernière phrase, avoir piqué la curiosité de la demoiselle. Elle sait de source sûre - car une bonne politicienne est comme une bonne journaliste, elle ne révèle jamais ses sources - que la fille du Marquis de Conway rêve de rejoindre l'Air Transport Auxiliary Force. Tendant des perches comme une araignée tend ses fils, elle espère bien attirer la demoiselle dans ses filets… Et quel meilleur moyen pour cela que de lui faire miroiter la promotion dont elle rêve ?
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MessageSujet: Re: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptySam 22 Oct - 15:12

C'était le choc des cultures entre les deux femmes. Elles n'avaient pourtant que quelques années d'écart, mais elles semblaient être dans deux univers totalement différents. Victoria ne faisait que découvrir une certaine forme d'indépendance quoi que toujours contrôlée par sa famille alors qu'il y avait longtemps que Susan battait de ses propres ailes. Deux univers si opposés qui se retrouvaient autour de la plus anglaise des boissons: une tasse de thé, dans un endroit qui rassurait Victoria tout en étant bien connu de Susan. Un terrain neutre, en quelques sortes, pour une demande qui elle ne l'était pas. Susan avait toujours eus une idée derrière la tête. Ce n'était pas seulement parce que Victoria avait toujours été très protégée qu'elle n'avait pas vu cela venir, mais aussi - surtout - parce que la jeune femme était très naïve et qu'elle voyait toujours et presque exclusivement le meilleur des gens, jamais ou presque leur mauvais côté. Elle n'était pas méfiante, c'était asns doute une erreur quand on faisait face à une ténor de la politique, une pionière, comme Susan Plumer, ancienne lady, maintenant députée travailliste. Il y avait de quoi se méfier d'elle au final. Victoria, avec ses grands yeux bleus, n'avait évidemment rien vu venir. Elle s'en voulait presque de ne pas s'en être doutée. Susan lui demandait, il n'y avait pas d'autre façon de le dire, de la soutenir contre tout ce que sa famille, dont son père à la chambre des lords, surtout son père en fait, croyait et défendait depuis des décennies, voir même des siècles.

Car Victoria avait beau ne pas vraiment se préoccuper de politique de son côté - cela n'était pas vraiment du propre d'une lady, même sa mère était d'accord sur ce point, elle menait ses batailles à sa façon - elle avait bien comprit cela. Et la pauvre, blanche et innocente Victoria ne savait pas vraiment quoi répondre à la députée qui lui faisait face à part quelques mots vaguement prononcés et hésitants. Que pouvait-elle dire? On était en Angleterre après tout,  il n'y avait rien que Susan puisse la forcer à faire, du moins en était-elle persuadée. De plus, la guerre battant son plein, était-ce véritablement le moment de vouloir réformer la société en profondeur et de faire trembler le gouvernement? Le home effort était bien plus crucial aux yeux de Victoria. Réussir à repousser les Allemands chaque nuit, nuit après nuit, était déjà assez difficile sans avoir la Chambre songer à autre chose qu'à cela. Cela allait aller à l'encontre de tout ce en quoi le gouvernement croyait depuis le début de la guerre, les affiches et les panneaux, sans compter les discours prononcés... Tout ce qui était mis en oeuvre pour aller plus loin et en finir au plus vite. Et cela avait un air de mauvais goût de discuter de tout cela dans un salon de thé alors que d'autres risquaient leur vie en permanence. Bref, Victoria était dans le flou et l'expectative. Elle ne savait pas vraiment quoi répondre, après tout, "non" était un mot difficile à faire prononcer à la jeune femme bien qu'elle commençait à l'apprendre.

Susan ne semblait pourtant pas décidée à la laisser réfléchir trop longtemps et profiter de son trouble.

-Je crois même que c'est le moment ou jamais, figurez-vous. En effet, quand l'Angleterre a-t-elle besoin de femmes compétentes ? Maintenant, alors que nous sommes en guerre, la nation a besoin de toutes les ressources disponibles ! Les femmes sont déjà dans les usines, où elles remplacent les hommes mieux que l'on aurait pu l'espérer ; pourquoi ne pas les mettre également à la tête des services d'administration, ou même, oserai-je le dire, aux commandes des avions ?

C'était frapper au coeur de Victoria. L'aéroclub était connu de toute la bonne société, ses membres, dont la jeune femme avait fait parti avant la guerre, connus de tous. Et pourtant, elle ne pouvait pas encore voler au sein de l'ATA. Pourquoi? Parce que ses parents avaient mis leur véto. Oui à la WAAF, non à plus. C'était égoïste, mais une loi ne changerait rien à cela. Et ce n'était pas en faisant quelque chose dans leur dos qu'elle pourrait leur montrer qui elle était, et ce dont elle était capable. Victoria resta silencieuse un instant, prenant le temps de la réflexion. Non. Au fond d'elle-même, elle le savait, cela n'était pas juste, ni ce qu'il fallait faire. Après avoir eut les yeux dans le vague un instant, elle releva la tête vers Susan.

-Je suis désolée, Mrs Plumer, mais je ne peux pas vous aider. Ce ne serait pas... je ne peux pas. Veuillez m'excuser. Même si la fin est bonne, ce n'est à mes yeux pas le moment de faire passer ce genre de loi en force. Ce serait aller contre l'effort de guerre et jouer aux dés avec la vie de tous ces jeunes soldats qui se battent ici et ailleurs pour que notre pays sorte victorieux de la guerre. Je ne peux soutenir ce genre de projet aujourd'hui. Après la guerre, peu être, mais pas maintenant.

La jeune WAAF, dans son uniforme et son calot sur la tête, se releva, et fit quelques pas, prenant conger, sans imaginer un instant que Susan allait abattre une dernière carte, qui l'empêcherait de dire "non", après tout.
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MessageSujet: Re: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptyDim 4 Fév - 20:41

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La députée voit l'hésitation traverser le regard de son interlocutrice. L'hésitation, l'envie même... Et puis le refus. Susan sait les mots qui vont être prononcés, ou du moins elle en connaît déjà la teneur. Un refus poli, mais ferme. Elle n'a pas besoin d'en savoir davantage, la voilà qui réfléchit déjà à sa prochaine action.

On attrape les mouches avec du miel, et non avec du vinaigre. Susan le sait, elle entend encore son ex-mari lui répéter inlassablement cette maudite phrase avant chaque dîner, avant chaque gala de charité... On attrape les mouches avec du miel, et non avec du vinaigre. Comme pour lui rappeler, encore et toujours, que son rôle de femme et d'épouse est de sourire et de serrer des mains. Pas de remarques incisives, ni de sarcasmes grinçants. Sois belle et tais-toi, en somme. On attrape les mouches avec du miel...

Oh, va au diable, Robert. Comme toujours, penser au vicomte Plumer fait monter le rouge aux joues de son ex-épouse. Oui, qu'il aille au diable, lui et sa bonhomie d'aristocrate rétrograde. Susan lui prouve depuis plus d'un an maintenant que ses maximes et ses principes ne valent rien pour une femme comme elle. Qu'une femme, même seule, si elle est intelligente et tenace, n'a rien à craindre des hommes comme lui. Qu'une femme, elle aussi, sait manipuler ses ennemis - avec ou sans miel.

Celle qui est parvenue à se faire élire en tant que députée travailliste, celle qui tient régulièrement tête à Winston Churchill lors des séances parlementaires, celle qui s'est jouée de tous ceux qui voulaient lui imposer une vie ordinaire et rangée... Voilà qu'elle est tenue en échec par une jeune lady de dix ans sa cadette. Pas pour longtemps, en tout cas, décide-t-elle. C'est regrettable, mais la ténacité de Victoria Irvin la force à employer un autre de ses nombreux talents de politicienne.

Elle sait que la jeune fille a peur d'elle. Elle l'a vu dans ses yeux, elle l'a lu dans le tremblement de ses mains... Eh bien soit, elle utilisera cette peur, puisqu'elle a échoué à convaincre ou à charmer.

Voilà que le caporal enfile son calot et se relève. Sans perdre une seconde, Susan se lève aussi, déployant ses longues jambes. Elle réalise soudain qu'elle fait cinq bons centimètres de plus que sa cadette. Elle allonge le pas, et tend discrètement le bras afin de toucher le poignet de celle qui se dirige déjà vers la sortie. Pas besoin de lui attraper vraiment le bras, ou de se rapprocher trop brusquement. Lady Irvin a beau être effrayée, son sens aigu des convenances lui interdit de s'enfuir en courant.

Victoria, dit-elle sans élever la voix, mais avec autant d'autorité qu'elle le peut dans ce lieu mondain. Je pense que vous m'avez mal comprise. Vous pouvez m'aider, vous devez m'aider, continue-t-elle alors qu'elle avance maintenant au même niveau que la rousse. Elle fait signe au majordome qui se trouve derrière le comptoir. Il ajoutera ce goûter à sa note, comme il le fait parfois lors de repas d'affaires.

Vous devez m'aider, reprend la députée, parce que si vous ne le faites pas, il me faudra avoir une discussion avec votre père au sujet d'une certaine expédition photographique en terrain... dangereux. Sans plus s'attarder (à ce stade, elle a soit gagné soit irrémédiablement perdu sa chance), elle se dirige vers le vestiaire et se tourne vers son interlocutrice. Sortons, voulez-vous ? Je pense que nous devrions discuter de tout ceci en marchant...
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MessageSujet: Re: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptyJeu 22 Fév - 21:00

Victoria n'avait aucune envie de s'attarder plus que cela. Elle savait désormais qu'elle avait été naïve et bien trop crédule, comme souvent. Elle ne voulait pas rester une minute de plus à cet endroit, ce que Susan lui suggérait était effectivement une bonne chose, mais une bonne chose en temps de paix, pas en temps de guerre. Il y avait d'autres combats à mener. Ils n'allaient pas risquer de perdre la guerre, leur liberté, leur indépendance pour une histoire de travail! Et puis après la guerre, vu tout ce que les femmes faisaient en ce moment même, il n'y avait pas de doute, tout leurs efforts seraient récompensés, n'est ce pas? Non, vraiment, cela ne pouvait en être autrement. Et puis elle n'avait ni le temps ni l'énergie nécessaire pour se plier aux règles de son hôtesse. Tout ça était un jeu un peu trop compliqué. Elle avait déjà mit un pied dans l'aviatiodarn mais vraiment, loin d'elle l'idée de penser que la politique était pour les hommes, la preuve en étant son interlocutrice, elle préférait la laisser à Teddy. Elle n'avait jamais voulu jouer aux grandes paroles ni changer le monde, du moins pas comme ça.

Alors non, elle était sûre de sa décision, bien que sa voix ne soit pas aussi ferme qu'elle aurait aimé qu'elle le soit. Il n'y avait pas à tergiverser plus longtemps. La jeune femme s'était levée pour mettre fin à cette conversation, s'apprêtant à prendre ses affaires et à filer - à l'anglaise, comble de l'ironie pour une galloise. Elle n'aurait jamais quitté une tea party aussi vite que ce jour là. Sa tasse de thé n'était même pas vide, le comble du scandale et du manque de bienséance. Non vraiment, intérieurement, Victoria songeait que si jamais on la voyait avec Susan, elle aurait des comptes à rendre. Ce que la jolie brune venait de lui dire éclairait leur rencontre d'une lumière toute nouvelle qui ne plaisait pas à sa cadette. Victoria ne savait pas mentir, ou du moins très mal. Il n'y avait qu'à regarder son manque d'enthousiasme à l'idée de son mariage plus ou moins prochain pour bien comprendre qu'il lui était difficile de dissimuler quelque chose. Alors imaginer que ses interlocuteurs puissent tenter de la mener en bateau, de la piéger, cela lui paraissait toujours impossible, et pourtant...

-Victoria. Je pense que vous m'avez mal comprise. Vous pouvez m'aider, vous devez m'aider.

Le ton était catégorique, autoritaire. On aurait presque dit sa mère dans ses mauvais jours. Pourtant cela ne semblait pas arrêter la jeune femme dans sa volonté de s'en aller.

Elle allait tourner les talons et prendre congé quand Susan, qui n'avait pas un seul instant perdu contenance, lâcha une bombe, ou du moins cela fut l'impression que Victoria eut. Les verres des vitres auraient pu être soufflés qu'elle n'aurait pas ressenti la situation différemment.

-Vous devez m'aider,  parce que si vous ne le faites pas, il me faudra avoir une discussion avec votre père au sujet d'une certaine expédition photographique en terrain... dangereux.

Interdite, Victoria se retourna doucement vers elle, lentement. Comment... Comment était-elle au courant? Ce jour-là, ils n'étaient que deux: elle et James. Elle n'en avait parlé à personne, mais James... Grand Dieu, elle allait le tuer. Elle le disait et le pensait assez souvent mais cette fois-ci elle allait le faire, véritablement. Il lui avait juré de garder le secret. Ses parents avaient acceptés qu'elle s'engage à condition qu'elle reste dans les bureaux. Ne pas se mettre en danger inutilement. Si cela revenait à leurs oreilles, il leur suffirait de deux coups de téléphone et elle pourrait dire adieux à son uniforme. Il y avait même des chances que son père la renvoie à Conway.

- Sortons, voulez-vous ? Je pense que nous devrions discuter de tout ceci en marchant...

Susan se dirigea vers le vestiaire, et contrainte et forcée, Victoria du la suivre. Le chantage était une chose absolument odieuse, une autre chose réservée aux politiciens, chose qu'elle n'appréciait pas plus. Elle récupéra son manteau, sans réussir à récupérer son souffle et à récupérer des couleurs sur son visage qui était devenu blême. Elles quittèrent l'hôtel et dans la rue elles commencèrent à marcher. Les oreilles de  Victoria bourdonnaient comme le jour où elle avait fait son premier looping. Mais la sensation était loin d'être aussi agréable.

-Donc... comment je ne veux pas vous aider, vous tentez le chantage? demanda la jeune femme. Est-ce vraiment ce que vous voulez? Vous savez que si jamais je décidais de faire un caprice et de quitter l'armée cela ne tiendrait plus et il vous faudrait une autre marionnette.

Victoria tentait une pirouette, désespérée, mais c'était au moins une tentative. Elle savait très bien qu'elle ne voudrait pas quitter l'armée. Mais cela, Susan ne le savait pas. Leurs pas les menèrent jusqu'à Hyde Park où le brouillard commençait à se lever, et avec lui la nuit. Il faudrait bientôt trouver un abri pour éviter les bombardements.

-Est-ce cela, la politique? Continua la jeune femme avec un rien d'amertume dans sa voix.

Si c'était le cas, elle comprenait pourquoi son beau-père ne parlait pas travail à la maison.
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MessageSujet: Re: Mad Tea Party - Susan   Mad Tea Party - Susan EmptyMer 27 Juin - 21:12

A Mad Tea Party
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Lorsqu’elles reprennent leurs manteaux au vestiaire, Susan évite de croiser le regard de la jeune lady Irvin. Voire même de la regarder. Elle sait qu’elle ne devrait pas, mais elle ne peut s’empêcher d’avoir quelque peu pitié de la jeune fille. Elle veut lui laisser du temps pour se ressaisir et prendre pleinement conscience de sa situation. Prise au piège par quelqu’un de bien plus expérimenté, pour une excursion sans réelles conséquences… Mais une députée ne peut se permettre de faire du sentiment, et elle se reprend rapidement.

Sans qu’un seul mot soit prononcé, les deux ladies quittent le Claridge et son fameux salon de thé. Alors qu’elles marchent, ensemble aux yeux de tous, Susan ne pourrait ressentir plus tout ce qui les oppose. Non seulement leur apparence, mais aussi et surtout leur âge, leurs origines, leur parcours. Selon toute probabilité, jamais la jeune fille ne pardonnera à Susan ce qu’elle vient de faire : et pourtant la députée ne lui souhaite que le meilleur. Elle tourne enfin son regard vers son interlocutrice, imaginant les mots qu’elle ne lui dira jamais : à quel point elle respecte sa volonté de s’engager, fût-ce dans l’armée et non dans la politique ; combien elle l’estime d’avoir résisté à ses premières tentatives de charme, auxquelles des politiciens pourtant plus aguerris ont succombé sans attendre.

Lorsque Victoria reprend la parole, pour un bref instant, c’est Susan qui vacille.

Vous savez que si jamais je décidais de faire un caprice et de quitter l'armée cela ne tiendrait plus et il vous faudrait une autre marionnette.

La députée, surprise pour la première fois depuis son entrée dans le salon de thé, ne peut s’empêcher de respecter encore plus la jeune lady. Que ce soit du bluff ou non, la tentative est belle. Mais Susan ne peut pas laisser son interlocutrice lui voler la balle de match : elle réfléchit rapidement, pèse les risques, et se lance à son tour.

Je le sais… Mais je sais aussi que vous tenez bien trop à cette position que pour l’abandonner ainsi.

C’est le désavantage de l’indépendance, songe la députée. Une fois que vous y avez goûté, il n’y a pas de retour en arrière, que l’on soit une ancienne colonie ou juste une jeune fille en quête de sa place dans le monde. Les deux femmes tournent ensemble au coin de Hyde Park, qui échappe encore au rôle de potager, dévolu à certains des parcs londoniens pendant la première guerre. Ses allées de gravier s’inscrivent presque naturellement sur les courbes de ses pelouses, dans la parfaite tradition d’imitation du naturel qu’affectionnent les jardins à l’anglaise. Ce soir, toutefois, alors que le brouillard nocturne se lève déjà, personne ne s’y aventure. Bientôt, songe la députée, il sera temps pour elle aussi de rentrer dans sa demeure de Bedford Square, pour une nuit que tous espèrent tranquille.

Est-ce cela, la politique?

Elle a à peine entendu la question, sans doute rhétorique, de la jeune lady qui la suit encore. Elle décide pourtant d’y répondre. Une dernière pique, un dernier éclat, pour bien montrer à celle qu’elle considère désormais comme un adversaire qui s’est bravement battu qu’elle a néanmoins perdu le combat.

C’est cela, et bien plus encore. Et croyez-moi, je retiens mes coups.
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