♪ Sing, sing, sing, sing, everybody start to sing ♫
Il n'y avait pas que dehors qu'il faisait un froid glacial, on ne pouvait pas compter sur le ministère de la marine pour se réchauffer. Tout le monde allait et venait avec les portes grandes ouvertes, avec des courants d'air à rendre malade n'importe qui. Et pour palier à cela, Olivia se dégotait des techniques digne des meilleurs systèmes D : tout d'abord, un bon gilet par-dessus son uniforme et avoir poussé son bureau au plus près du maigre chauffage, marcher régulièrement, surtout pour aller chercher du thé histoire de se réchauffer davantage, s'amuser à fermer un maximum de portes sur son passage pour limiter ces courants d'air tueurs. Maigre consolation mais cela avait le mérite de la faire sortir de son morne bureau où elle jouait à la secrétaire avec une autre fille nommée Teresa, gentille mais pas futée, cette dernière adorait papoter de choses superficielles, bien loin des priorités de la jolie blonde. Quelle déchéance, d'un magnifique travail manuel qu'est la mécanique où elle se sentait utile, la voilà propulsée au rang de pimbêche bonne à taper les rapports et courriers de son frère et répondre au téléphone. Elle réussissait trop bien dans son domaine, Warren ne pouvait pas le supporter, quoi de mieux que de mettre sa jumelle sous sa coupe ?
Après avoir tapé un énième courrier, Olivia n'en pouvait plus, il fallait partir. Bien heureusement, l'horloge sembla d'accord avec elle, il était temps de quitter le ministère. Direction … le ministère de l'air ! Dans l'après midi, la blonde avait envoyé un petit mot à son amie Victoria pour lui demander ce qu'elle faisait après le travail. Et sans réponse, Olivia décidait de se rendre elle-même voir la rousse pour essayer de la convaincre de sortir un petit peu. Malgré la guerre et le couvre-feu, on pouvait bien s'amuser. Même si Victoria restait toujours très sage et assez peu enclin à enfreindre la loi, Olivia savait comment la convaincre, à force d'insistance jusqu'à ce qu'elle cède. Comme les deux ministères se trouvaient à une dizaine de minutes à pieds, la jeune femme partit d'un pied ferme, un gros manteau chaud sur les épaules. Au ministère, elle demanda à voir Lady Irvin, quand celle-ci apparut, sur le point de partir.
Oh Vicky te voilà ! Même pas tu réponds à une amie ! Lança t'elle sur un mauvais ton grondeur.
Les deux amies se saluèrent chaleureusement avant qu'Olivia ne lance l'attaque.
Je suis venue en personne te convaincre de sortir ce soir, et je ne tolère pas de refus, tu le sais bien !
Tout était dit. Et malgré son sourire jovial et enjoué, la blonde avait une voix déterminée et il serait difficile de la faire changer d'avis. Le seul qui résistait à peu près était son frère, mais vu qu'ils se supportaient depuis leur conception, ça pouvait se comprendre ! Mais là, pour une sortie en ville et s'amuser, rien ne pouvait l'arrêter, pas même les excuses bidon de son amie.
Arrête de te trouver des excuses, je suis sûre que tu meurs d'envie de t'amuser ! Et puis j'ai passé la journée à jouer à la potiche, je veux un peu me lâcher, et y aller seule fait mauvais genre. Allez !
Ce manège dura un petit temps, les deux jeunes femmes ont eu le temps de sortir du ministère et de marcher quelques minutes dans le froid. Victoria commençait à hésiter, à ne plus trouver d'excuse, il était l'heure du coup de grâce.
C'est décidé, je passe te chercher à 21h. Tu as le temps de te pomponner et de te faire à l'idée que tu vas t'amuser ce soir. Oh, c'est mon bus qui arrive ! Ce soir, 21h sans faute !
Elle avait dit ces derniers mots au pas de course et avec un large sourire. Adjugé, vendu, elle avait le temps de manger un bon et de se préparer pour ce soir !
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Victoria Irvin
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Sujet: Re: Let's get party ! Dim 24 Juil - 9:16
Victoria n'avait pas vu la journée passer. Entre une réunion de service, une formation, le temps passé à trier les rapports de la veille, et le tour de garde, casque aux oreilles, à écouter les alertes potentielles, les noter et les rapporter... Les journées se succédaient, se ressemblaient, mais n'en devenaient pas monotone pour autant. Elle enchaînait les tâches et les missions, sans s'arrêter et ce n'était pas prêt de ralentir. Au point qu'on lui avait apporté un courier personnel avec le courier de service - ce qui lui avait valu un regard désapprobateur de l'estafette chargée des messages - et qu'elle n'avait même pas prit le temps de l'ouvrir jusque là. Elle soufflait enfin, son service terminé et rassemblait ses affaires pour retourner au dortoir, oubliant d'ailleurs là le petit mot qu'on lui avait apporté dans la journée. A cet instant précis, la jeune caporal ne rêvait que d'une chose: une nuit de sommeil! Elle n'avait pas la moindre envie de faire quoi que ce soit. Le rythme était bien trop soutenu parfois et il lui fallait prendre du repos si elle voulait continuer à assurer sa charge. Il y avait déjà la campagne familial pour la faire démissionner, il ne manquerait plus qu'elle leur donne des arguments! Elle saisit son manteau, son chapeau et ses gants, sachant par avance que l'hiver londonier, ajouté à la morosité ambiante, était glacial. On sentait le courant d'air de la porte principal du ministère jusque dans certains couloirs, s'en était déprimant. Et la jeune femme n'osait imaginer ce que les pilotes vivaient dans les cockpits.
Elle avait d'ailleurs entendu dire que les femmes pilotes de l'ATA, ce corps d'élite qu'elle rêvait de rejoindre - voler lui manquant attrocement, mais elle n'avait plus le temps depuis le début du conflit, ni l'autorisation, d'ailleurs - avait dut se battre pour pouvoir voler en combinaison. Certains responsables voulaient qu'elles portent "des tenues correspondant à leur sexe" et soient donc en uniforme tailleurs en permanence. Dans un cockpit, en hiver, avec des températures négatives... Ah! Les hommes! Ils attendaient tout des femmes sauf qu'elles les choquent. Heureusement, certaines avaient fait pression et on avait trop besoin de ces femmes pilotes pour pouvoir se passer d'elles, les pilotes hommes inaptes au service actif n'étant pas assez nombreux, elles avaient eut gain de cause, heureusement. Les empêcher de voler ou les laisser mourir de froid au moment où on avait besoin de bras, quelle idée! C'était là que Victoria se rendait compte que la loi de Susan pourrait être utile. Elle ne savait toujours pas si elle approuvait totalement ou non, mais les faits étaient là. La jolie rousse se préparait psychologiquement à quitter la chaleur du ministère pour le froid extérieur, saluant quelques collègues au passage, quand elle entendit quelqu'un demander après "lady Irvin". La jeune femme grinça des dents. Elle était le "caporal Irvin" ici, et destait qu'on fasse l'amalgame entre sa vie civile et sa vie militaire. Cependant elle détourna la tête et apperçut une silhouette blonde, coiffée d'un petit chapeau blanc et bleu marine, spécifique aux WRENs, seules choses dépassant d'un énorme manteau protégeant du froid.
-Olivia? appela la jeune femme.
C'était bien elle, son amie franco-amiéricaine, filleule de sa mère. Les deux jeunes femmes se fréquentaient depuis l'enfance, quand la famille d'Olivia visitait l'Angleterre. Les liens entre les deux familles ne dataient pas d'hier.
-Oh Vicky te voilà ! Même pas tu réponds à une amie !
La jeune femme fronça les sourcils après l'avoir étreint. Répondre à... Oh! le petit mot, elle l'avait complètement oublié! -Je suis désolée! Je n'ai pas eus une minute à moi...
-Je suis venue en personne te convaincre de sortir ce soir, et je ne tolère pas de refus, tu le sais bien !
Sortir, ce soir? La moue perplexe de Victoria se transforma en un visage surprit et, il fallait bien l'admettre, un rien inquiet. -Ce soir? Mais... Le couvre feu, le blackout! Tu n'y penses pas...
Ne pas y penser? Ca aurait été mal connaître Olivia. Elle gardait ce côté très américain de vouloir tout, tout de suite, quand elle le voulait et le demandait. Ce qui pouvait être charmant était aussi parfois un rien dangereux.
-Arrête de te trouver des excuses, je suis sûre que tu meurs d'envie de t'amuser ! Et puis j'ai passé la journée à jouer à la potiche, je veux un peu me lâcher, et y aller seule fait mauvais genre. Allez !
"Mourir d'envie de s'amuser"... Victoria n'aurait surement pas utilisé ces termes. Elle hésita encore. Pourtant Olivia avait trop l'habitude d'avoir gain de cause. Soudain elle s'écria:
-C'est décidé, je passe te chercher à 21h. Tu as le temps de te pomponner et de te faire à l'idée que tu vas t'amuser ce soir. Oh, c'est mon bus qui arrive ! Ce soir, 21h sans faute !
Et elle planta là Victoria, sans que la jeune femme ait le temps de répondre. Elle l'avait fait exprès.
---
Il était 20h45. Victoria avait troqué son uniforme pour une petite robe bleu vif, et un rien de rouge à lèvre pour agrémenter sa coiffure, toujours impeccable. Elle avait vraiment hésité et finalement, elle était prête. Elle savait qu'elle allait le regretter... dans le dortoir, les autres filles de sa section se préparaient également à sortir boire un verre et danser avec les charmants officiers. Les volontaires américains avaient un succès fou, elle l'entendait souvent dire. Certaines étaient étonnées que leur caporal, si sage, soit pourtant prête à sortir. Ignorant les regards interloqués, la jeune femme prit son manteau et son sac à main avant de descendre à l'accueil de la maison des WAAFs, attendre Olivia. Celle-ci ne se fit pas trop attendre, elle avait vraiment envie de sortir.
-Alors où allons-nous? Je te préviens je travaille demain, je ne resterai pas trop tard.
Il n'y avait bien sur que Victoria qui croyait en cette phrase.
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Olivia Deacon
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Olivia obtenait presque toujours ce qu'elle voulait, il suffisait d'un peu d'insistance et surtout avoir le dernier mot dans une conversation. Et son bus était tombé au parfait moment pour obliger son amie à venir ce soir. Dans son bus bondé, la jeune femme blonde jubilait de sa réussite, et de la perspective de sortir ce soir. Et sa grand-mère lui trouva une belle mine lorsqu'elle rentra chez celle-ci avant de monter dans sa chambre. En tant que Wren, elle aurait du dormir en caserne, mais avec son détachement du jour au lendemain à Londres, les dortoirs ne couraient pas les rues, et en attendant qu'on s'occupe d'elle, la blonde avait regagné la confortable demeure de sa lady Potter, sa chère grand-mère qu'elle adorait. Après avoir déposé ses affaires et pris le thé, elle racontait sa journée à la vieille dame, lui demanda l'autorisation de sortir ce soir. Pure formalité, lady Potter se mit à rire « Comme si tu n'avais rien prévu avant de me demander ! » Cela fit rire les deux femmes dans une certaine complicité. Olivia ne profitait pas de sa liberté loin des casernes et au cœur de Londres, elle savait rester une fille assez sage, peut être trop au désespoir de sa grand-mère qui aimerait quand même voir sa petite fille fréquenter un jeune homme et au moins d'être fiancée. Sans doute pour cela qu'elle la laissait sortir aussi facilement.
Après un petit dîner toutes les deux, la jeune femme partit se pomponner pour sa sortie du soir. Avec un uniforme le jour, elle avait besoin de mettre des couleurs et de se faire plaisir. Parmi sa petite penderie, elle opta pour une jolie robe rouge au jolie décolleté, pour mettre en valeur sa peau pâle et sa chevelure blonde. Elle se coiffa avec de jolies boucles et laqua sa bouche de rouge, et la potiche en uniforme devenait un sosie d'actrice hollywoodienne. Il ne manquait que le sac et des talons avant de descendre se montrer à sa grand-mère qui approuvait, élégante mais pas vulgaire, la vieille aristocrate laissa sa petite-fille enfiler un gros manteau et sortir dans le froid londonien pour s'amuser un petit peu.
Elle arriva un peu en avance devant le dortoir de son amie, et eut seulement là une légère angoisse : et si Vicky l'avait laissée tomber ? Quelques filles apprêtées sortaient en riant, prêtes à s'amuser, car on ne savait jamais quand cela pouvait dégénérer avec ces bombardements. Elle fut rassurer en voyant la crinière de feu de son amie, pas rassurée de sortir, on sentait la jeune fille habituée à rester dans sa chambre. Cela motivait d'autant plus Olivia qui vint à sa rencontre.
« Alors où allons-nous? Je te préviens je travaille demain, je ne resterai pas trop tard. Oh tout de suite les contraintes ! Ne t'en fais pas, mon adorable frère m'a collée une réunion tôt demain alors on ne va pas passer notre nuit dehors. Rassurée ? »
Si ça n'aurait tenu qu'à elle, les deux jeunes femmes auraient dansé jusqu'à pas d'heure, mais il fallait bien travailler et surtout avec l'armée, il valait mieux ne pas avoir de retard ni avoir l'air d'avoir trop fait la fête. Elles s'engagèrent sur le chemin du club.
« Je connais un club sympathique à Piccadilly Circus. Il y a quelques semaines, il n'y avait pratiquement que des français, mais les américains ont décidé aussi d'y venir. Ah, et il y a une bonne partie de la marine parquée à Londres, ça va te dépayser ! Elle était toute enjouée, cela se voyait sur son visage. Ils y passent de la bonne musique, certains soirs, il y a du jazz parfois. Allez, détends toi, ça va être amusant. Plus que rester dans son dortoir, non ? »
Difficile de faire plus déprimant qu'un droit à trois quart vide, silencieux, à lire un bouquin ou écrire une lettre. Elles montèrent dans un bus en direction de Piccadilly avant de suivre une petite foule jusqu'au club. Il fallait descendre quelques marches pour se retrouver dans une grande cave rythmée par une musique entraînante. Partout des hommes en uniforme – forcément, ça vendait du rêve – et des filles très apprêtées, une soirée classique en somme.
« Ça fait longtemps qu'on ne s'était pas vues, qu'est ce qu'il se passe de beau au ministère en ce moment ? Tu veux boire quelque chose ? »
Olivia passait du coq à l'âne avec une grande facilité. Il paraîtrait que c'est un trait purement américain, elle ne voyait pas vraiment en quoi mais si ça amusait les gens de lui donner l'étiquette américaine, elle la prenait. La jeune femme avait grandi à Boston certes, mais avait reçu une éducation à l'anglaise, seulement, elle n'aimait pas avoir reçu la même que son frère ni d'avoir eu les mêmes chances. Alors elle faisait avec ses armes, son physique et son bagout, mais aussi son appétit de vivre !
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Victoria Irvin
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Sujet: Re: Let's get party ! Dim 7 Aoû - 12:53
Victoria ne savait pas dire "non". Cela n'avait jamais été dans ses habitudes et ce n'était pas non plus dans son éducation. Quand un ami, une relation, un membre de la famille lui demandait quelque chose, elle se devait de répondre par la positive. C'était du moins ce qu'on lui avait toujours enseigné depuis l'enfance. Une vraie "lady" ne laissait jamais une personne de son entourage dans l'embarras ou seul-e face à l'adversité. Dans le cas présent, laisser Olivia aller dans un club toute seule aurait été la dernière des disgrâces! Quand on est une jeune femme on ne se rend pas seule dans un endroit rempli de jeunes hommes - en uniformes et de toutes les nationalités, s'il fallait ajouter des arguments. Il était vrai que Victoria avait besoin de se changer les idées, c'était l'évidence même, mais elle appréhendait toujours ce genre d'endroits. Elle n'en avait pas l'habitude. Ses "sorties" s'étaient cantonnées pendant si longtemps à des soirées si codifiées, entre personnes de la bonne société... Elle ne doutait pas une minute que Teddy, lui, n'y était pas étranger, mais elle ne pouvait être certaine que c'était sa place. Elle avait aussi toujours peur d'en faire trop, ou pas assez. Dans le doute, toujours rester simple, lui avait-on apprit alors qu'elle était jeune fille. Mais cette guerre entrainait un vrai choc des cultures et un brassage de la population bien différent de la première guerre. Il y avait plus de disparité à l'intérieur même de Londres qu'entre York et Leeds.
En parlant de disparité, Victoria et Olivia n'auraient pu être plus différentes. La jolie blonde, enjouée et décidée, aux formes généreuses qui s'assumait parfaitement, respectant à la perfection les canons de l'époque, que cela soit au niveau de la mode, du maquillage ou des idées, et de l'autre côté, la rousse un peu maigrelette, trop fine et plate, discrète malgré sa chevelure flamboyante, qui n'osait jamais en faire trop. On finissait par se demander en quoi elles pouvaient bien être amies. Amies d'enfance... Si parfois en grandissant, on réalise qu'on n'a plus rien en commun, les deux filles avaient réussi à rester amies sans trop de difficultés et s'étaient retrouvées comme deux correspondantes à l'arrivée d'Olivia. Et le fait d'être toutes les deux militaires, bien que dans deux corps différents, aidait également. Bref, en amitié aussi, les opposés s'attiraient. C'était là également une raison pour laquelle Victoria avait finit par céder. Et de toute façon elle connaissait trop bien Olivia pour savoir que celle-ci ne la laisserait pas s'en tirer aussi facilement et ne la lâcherait pas avant d'avoir obtenu ce qu'elle voulait. Si elle n'était pas prête à l'arrivée de son amie, celle-ci était capable de la forcer à s'habiller en choisissant sa robe, et de l'habiller comme on le ferait d'une poupée. Autant prévoir le coup en mettant une robe qui lui plaisait et n'en faisait pas trop. Quelque chose de simple et de discret. La jeune caporal préférait son uniforme - et au fond d'elle-même, elle aurait encore préféré une combinaison de pilote.
Bien qu'Olivia ait certifié qu'elle devait également être rentrée tôt, Victoria la connaissait assez pour savoir qu'il fallait se méfier des promesses de la jolie blonde. A neuf heure précise elle l'attendait devant la porte de la caserne et elle ne se fit pas prier.
-Oh tout de suite les contraintes ! Ne t'en fais pas, mon adorable frère m'a collée une réunion tôt demain alors on ne va pas passer notre nuit dehors. Rassurée ?
Victoria avait hoché la tête, mi figue mi raisin, n'ayant toujours pas vraiment confiance et cherchant en elle un sursaut de motivation.
-Je connais un club sympathique à Piccadilly Circus. Il y a quelques semaines, il n'y avait pratiquement que des français, mais les américains ont décidé aussi d'y venir. Ah, et il y a une bonne partie de la marine parquée à Londres, ça va te dépayser ! Ils y passent de la bonne musique, certains soirs, il y a du jazz parfois. Allez, détends toi, ça va être amusant. Plus que rester dans son dortoir, non ?
Olivia avait l'air aux anges. Victoria, elle, avait l'impression de sortir d'un cauchemar. Du jazz? Grand Dieu! Si jamais James la voyait, il allait mourir de rire. Son cousin n'en ratait jamais une pour se moquer d'elle. Haussant les épaules, la rousse suivit son amie jusqu'au fameux club. Des français, des américains, du jazz... Le combo parfait pour une soirée réussie aux yeux d'Olivia, c'était certain. Victoria inspira. Il falait bien faire avec et cela n'allait peut être pas être un total fiasco...
Se fondant dans la masse, les deux jeunes femmes prirent le bus, au milieu de jeunes gens en uniforme et de personnes d'un âge respectable. Tous les hommes ou presque étaient habillés en vert, en bleu foncé ou en bleu plus clair. Les jeunes femmes habillées en civil les regardaient en pouffant. Victoria et Olivia, elles-mêmes dans l'armée, n'y faisaient plus attention. Mais il n'y avait pas à dire, un uniforme changeait un homme. Le club était plutôt calme pour le moment, malgré l'heure, elles n'eurent pas trop de difficulté à trouver deux sièges au bar.
-Ça fait longtemps qu'on ne s'était pas vues, qu'est ce qu'il se passe de beau au ministère en ce moment ? Tu veux boire quelque chose ?
-Un bloody mary.
Pour correspondre avec son humeur, inquiète et sur la défensive.
-Le ministère, c'est la routine, tu sais. Classer des dossiers, prendre des appels, et prier. On vient d'ailleurs de me rajouter une casquette, celle de chauffeur pour un type de l'ambassade américaine. A croire que Maman fait en sorte de tout mettre en oeuvre pour que son mari m'éloigne le plus possible de tout ce qui peut être intéressant - et donc dangereux à ses yeux.
Elle avait dit la dernière partie de sa phrase avec un peu d'ironie. Bien que son amie soit également sous les drapeaux, elle n'avait pas le droit d'en dire trop. Il en était surement de même pour Olivia. -Mais je préférerai être sur une base qu'enfermée dans un sous sol. On fait hélas avec ce qu'on peut.
Olivia n'ignorait certainement pas la volonté de Victoria de voler plutôt que de jouer la parfaite secrétaire, mais c'était tout ce à quoi sa famille avait consenti, et quand on a un beau-père ministre de la marine, on ne peut pas vraiment faire autrement que d'incliner la tête.
-Qu'en est-il à la marine?
Un serveur apporta alors deux verres de champagnes, que les deux jeunes femmes n'avaient pas du tout commander. Devant la mine intriguée de Victoria, celui-ci expliqua:
-De la part de ces deux messieurs à la table du fond.
De concert, les deux jeunes femmes tournèrent la tête pour voir deux français, surement des pilotes, leur faire un petit signe de la main.
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Olivia Deacon
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Il y avait déjà foule dans le nightclub choisie par Olivia. Partout, des hommes en uniforme des différentes armées, parfois même de différents pays venus prêter main forte. Ils le savaient, une uniforme militaire apportait un certain cachet à un simple costume, surtout aux yeux des dames. D'ailleurs, ces dernières ne portèrent pas leurs uniformes, elles l'avaient assez sur le dos toute la journée, il fallait bien se lâcher un petit peu. Au passage des deux amies, quelques regards se retournaient avec quelques œillades parfois, mais la blonde passait toujours outre. Ce n'était pas à ce genre de soirée qu'elle trouverait l'homme de sa vie, il ne fallait pas être stupide. Puis s'amouracher d'un type qui risque sa vie face aux allemands, quelle idée bête, après l'épisode de sa rupture, disons qu'Olivia n'avait pas vraiment envie de redonner son cœur. S'amuser un peu, pourquoi, comme flirter mais ne rien promettre, elle n'était pas comme ces américaines frivoles ! Même si elle en avait un certain côté …
Elles commandèrent leurs boissons : un sage bloody mary pour Vicky, et un White lady pour Olivia. Deux boissons bien différentes, comme les deux jeunes femmes, au point qu'on pourrait se demander comment elles peuvent être amies. Parfois ça ne s'explique pas, puis l'envie d'indépendance et travailler volontairement dans l'armée, ça rapproche … Elles se mirent à discuter de leur quotidien, à prendre de leurs nouvelles respectives.
« Le ministère, c'est la routine, tu sais. Classer des dossiers, prendre des appels, et prier. On vient d'ailleurs de me rajouter une casquette, celle de chauffeur pour un type de l'ambassade américaine. A croire que Maman fait en sorte de tout mettre en œuvre pour que son mari m'éloigne le plus possible de tout ce qui peut être intéressant - et donc dangereux à ses yeux. C'est vrai qu'un américain n'est pas dangereux … ironisa la jeune marine. Mais je préférerai être sur une base qu'enfermée dans un sous sol. On fait hélas avec ce qu'on peut. Comme je te comprends, mais parfois on ne peut pas décider par nous-même, c'est injuste. Qu'en est-il à la marine? »
Elle allait se plaindre à son tour, mais le serveur amena deux coupes de champagne, pas du tout leurs boissons, et leur expliqua que c'était offert par les messieurs du fond. Par curiosité, elles tournèrent la tête pour voir deux hommes leur faisant un petit salut. Deux français, il n'y avait sans doute qu'eux pour jouer les séducteurs sans peur et sans reproche. Olivia souleva sa coupe en guise de remerciement et se retourna.
« C'est gentil de dépenser sa bourse pour rien. Ces français n'ont jamais peur de rien, mais bon, à la tienne ! »
Elles trinquèrent et Olivia but une gorgée avec plaisir, on n'en trouvait pas partout, sauf sans doute dans la cave de sa grand-mère mais cette dernière les sortait par parcimonie, il ne fallait pas non plus tout gaspiller ! Il était bon, elle approuva d'un petit hochement de tête à elle-même avant de reprendre le fil de leur conversation.
« A la marine comme toi à l'air, je tape des lettres, prend des notes, prends des appels et je joue à la parfaite secrétaire de mon cher et adorable frère. Si ce n'est pas malheureux d'avoir fait des études et montré ses capacités à la base navale pour jouer à la potiche. Elle fronça un instant les sourcils puis se reprit, plus joyeuse. Mais un jour, on y arrivera, je nous fais confiance. Et puis, heureusement il n'y a pas que les ministères ! Comment va Teddy d'ailleurs ? »
Pas sûr que parler du fiancé arrive à détendre Victoria, mais il faisait partie de sa vie. Et alors qu'elles discutaient, les deux français vinrent à elles. S'ils étaient très agréables à regarder, Olivia n'appréciait pas d'être dérangée de la sorte. Mais en même temps, dans un night-club, quoi de plus normal. Ils parlaient avec un anglais sommaire et un fort accent français.
« Bonsoir mesdemoiselles. Mon ami et moi sommes arrivés à Londres il y a peu et nous ne connaissons personne. Donc vous parlez à des inconnues dans les bars ? Ironisa Olivia. Exactement, il faut bien commencer quelque part ! Je suis André et voici mon ami, Louis. Et vous, ladies ? Olivia regarda son amie en coin, un peu blasé mais restait souriante. Je suis Olivia et elle Victoria. Voulez vous danser ? Oh oui ! Puis quittant sa chaise, elle lança à Vicky. Au moins, on n'aura pas à dire des banalités. Une danse pour dire merci, et je retrouve mon champagne ! »
En effet, Olivia prenait rarement de gants. Si le français André dansait pas trop mal, elle n'avait pas envie de papoter avec lui sur ce qu'il faisait, sans aucun doute il faisait partie des forces françaises installées à Londres, ni parler du temps de la ville ou des bombardements. Et s'il venait à devenir collant, elle sortait son arme secrète, pas franchement ethique mais pratique : elle expliquait que son fiancé était décédé. C'était à peu près vrai, il était bien décédé mais ils avaient rompu avant. Il fallait bien s'arranger avec la réalité. Elle dansa sur deux chansons avant de le remercier et quitter la piste de danse rejoindre Victoria.
« Bon danseur pour un français, une meilleure langue pour lui que l'anglais. On ne leur donne pas de cours franchement ? »
Elle reprit sa coupe pour boire un peu, danser lui avait donné soif.
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Sujet: Re: Let's get party ! Mar 13 Sep - 21:34
La situation était exactement ce que Victoria aurait voulu éviter. Elle détestait se sentir piégée de la sorte. Elle n'avait jamais été très à l'aise avec les garçons. Le seul qui l'avait jamais embrassée était son fiancée Teddy -... mis à part un certain pilote polonais, certes, et encore elle se demandait bien ce qu'il pouvait lui trouver. Elle ne dansait presqu'avec les fils des amis de ses parents, dans un cercle très fermé et protéger. Certes, la jeune caporal savait qu'elle s'était engagée dans l'inconnu en rejoignant l'armée, mais son côté pudibond typiquement britannique était une barrière. De plus, son côté peu aventureux entrait beaucoup en ligne de compte. Elle était à l'opposée d'Olivia dans ce spectre de personnalité. La jolie blonde semblait si à l'aise, très confortable avec son image et ce qu'elle dégageait. Victoria était transparente à côté. Et cela lui allait, elle n'était pas spécialement jalouse. Ce qui l'ennuyait au contraire était l'attention de ces deux soldats français qui avaient décidé de faire les jolis coeurs. Il pouvaient se le permettre, ils étaient jeunes, charmants, avaient fuit leur pays pour continuer la lutte là où ils le pouvaient... Mais pour ce qui était de Victoria - et apparemment aussi d'Olivia - ils avaient frappé à la mauvaise porte. Le champagne était bon, mais au vu du prix, Victoria se demandait combien de temsp il faudrait avant que ce précieux liquide ne soit plus trouvable qu'à Buckingham Palace - et chez sa mère, cela allait sans dire, Lady Maud trouvait toujours ce qu'elle voulait.
-C'est gentil de dépenser sa bourse pour rien. Ces français n'ont jamais peur de rien, mais bon, à la tienne !
Les deux jeunes filles trinquèrent. Victoria n'avait pas relever l'allusion à l'américain. La dernière lubie de "l'armée" (comprendre sa mère, par l'intermédiaire de son second mari), lui faire jouer les guides touristiques - chauffeurs - chaperons pour un observateur américain. Apparemment il fallait l'avoir à la bonne s'ils voulaient garder le soutient qu'ils recevaient d'outre-atlantique. Et un caporal tri-option, que demander de mieux? Surtout que bien évidemment ils n'avaient pas augmenté son salaire. Cela aurait été trop facile. Victoria ne buvait pas trop vite, n'ayant pas mangé grand chose ce jour-là, et craignant la réaction qu'elle pourrait avoir. Elle n'avait jamais été plus que légèrement pompette et la perte de ses moyens ne l'enthousiasmait pas plus que ça.
- La marine comme toi à l'air, je tape des lettres, prend des notes, prends des appels et je joue à la parfaite secrétaire de mon cher et adorable frère. Si ce n'est pas malheureux d'avoir fait des études et montré ses capacités à la base navale pour jouer à la potiche.
Victoria soupira, ne pouvant qu'approuver son amie. Et dire que dans tout Londres, on lisait sur les affiches de propagandes qu'on avait besoin d'elles, mais il fallait comprendre que pas trop quand même. -Mais un jour, on y arrivera, je nous fais confiance. Et puis, heureusement il n'y a pas que les ministères ! Comment va Teddy d'ailleurs ?
Victoria manqua de s'étrangler avec sa coupe de champagne. Le changement de sujet était... radical. Elle se reprit rapidement pourtant. Etre sincère, ou dire ce qu'on voulait entendre? La seconde option était tellement plus facile: -Il va bien, il est très occupé, on se voit peu. Cela rend maman folle comme tu peux l'imaginer. Une guerre ne devrait pas arrêter le mariage de sa fille...
Elle rit. Olivia était la filleule de sa mère, elle la connaissait bien, elle aussi. Elle n'eut pas le temps d'en dire plus que les deux français approchèrent, ce qui mit Victoria dans la position que vous savez. Heureusement - ou malheureusement - pour elle, Olivia se chargea de parler
-Bonsoir mesdemoiselles. Mon ami et moi sommes arrivés à Londres il y a peu et nous ne connaissons personne.
-Donc vous parlez à des inconnues dans les bars ?
-Exactement, il faut bien commencer quelque part ! Je suis André et voici mon ami, Louis. Et vous, ladies ?
-Je suis Olivia et elle Victoria.
-Voulez vous danser ?
-Oh oui ! Au moins, on n'aura pas à dire des banalités. Une danse pour dire merci, et je retrouve mon champagne !
Pendant tout cet échange, Olivia n'avait certainement pas relevé - ou pas voulu relever - le regard catégorique de Victoria "non". Mais trop tard, l'américaine s'était déjà levée pour emboiter le pas au dénommé André. Elle se sentit donc obligée d'en faire de même avec Louis. Le début de la danse ne fut pas bien glorieux, ses professeurs s'en seraient arrachés les cheveux, mais elle se détendit rapidement, la rapidité du tempo les empêchant de parler de trop. La jeune femme s'excusa pourtant rapidement à la fin de la danse et revint à leur table la première.
-Bon danseur pour un français, une meilleure langue pour lui que l'anglais. On ne leur donne pas de cours franchement ?
Victoria éclata de rire.
-Que veux-tu, le budget, c'est le budget, et apparemment ils préfèrent apprendre la langue de manière locale si tu vois ce que je veux dire.
Elle vit un signe du menton en direction de leurs deux cavaliers d'un moment déjà en train de parler avec deux jeunes filles qui semblaient bien plus enclintes qu'elles à se laisser approcher.
-Ah... les hommes... soupira Victoria. En parlant de ça, qu'en est-il de ton côté, un britannique aurait-il réussi à te faire fondre? Ils ne sont pas à rougir, nos marins.
Victoria savait le sujet parfois un peu sensible encore. Aussi y allait-elle avec des gants.
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Olivia Deacon
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Olivia adorait danser, elle n'allait pas dire non à faire quelques pas avec un français, en sachant pertinemment qu'il n'y aurait rien de plus. Mais avec un quotidien assez monotone, il aurait été cruel de refuser, quitte à donner de faux espoirs au soldat. Après tout, une danse n'engageait à rien, on ne promettait qu'un petit moment sympathique, pas d'ouvrir ses draps ni la bague au doigt ! Mais l'anglo-américaine n'avait pensé qu'à elle, oubliant un peu que Victoria n'avait pas forcément envie d'aller danser avec un inconnu. Si elles s'entendaient bien, deux éducations s'opposaient radicalement, et la spontanéité d'Olivia ne se retrouvait pas dans le côté petite fille sage de son amie. Enfin, elle avait survécu à sa danse, la blonde plantureuse la retrouvait au bar avec son verre, contente d'avoir dansé et aussi ravie que le français s'éloigne, parfaire la langue de Shakespeare avec des filles peu farouches, et non à l'armée.
« Que veux-tu, le budget, c'est le budget, et apparemment ils préfèrent apprendre la langue de manière locale si tu vois ce que je veux dire. »
Les deux jeunes femmes eurent un regard complice, pas besoin d'en dire plus après tout, elles n'étaient pas dupes. D'ailleurs, leurs cavaliers repartaient à l'assaut d'autres filles, sans doute plus à même de leur faire pratiquer leur langue, et de leur apprendre un peu de culture.
« Ah... les hommes... En parlant de ça, qu'en est-il de ton côté, un britannique aurait-il réussi à te faire fondre? Ils ne sont pas à rougir, nos marins. Non c'est sûr, si seulement ils ne prenaient pas la mer. »
Elle but une gorgée, le regard toujours posé sur les français mais sans vraiment les regarder. A dire vrai, elle ne cherchait plus depuis son histoire avec son fiancé, les ruptures, son décès … Tout cela avait été douloureux, il fallait l'avouer, et ça l'était encore parfois, mais Olivia se montrait forte pour avancer, après tout elle n'avait pas le choix. Elle se reprit après un petit soupir et se tourna avec un petit sourire triste au coin de la bouche.
« Comment veux-tu trouver quelqu'un en ces temps ? La plupart des hommes partent au front, difficile de s'attacher. J'en croise parfois au ministère, ou lors des sorties. C'est vrai, il y en a des beaux, et même des gentils, intelligents ! Elle rit doucement, se détendait. J'ai même eu une demande en mariage par un roumain après deux danses ! Mais tu sais, les roumains, c'est comme les bulgares, en pire ! »
Elle flirtait, s'amusait un peu, mais de là à chercher à s'établir, il ne fallait pas rêver. Les garçons jeunes et réformés, il n'y en avait pas des milliers et il y avait souvent un truc louche derrière ça, elle ne voulait pas non plus d'un souffreteux ou d'un pistonné, elle avait sa fierté ! Puis elle reprit.
« Et puis, pourquoi chercher ? Ma mère s'en occupe très bien. Tu la connais, nous avons le même genre de spécimen, elle s'amuse à chercher des partis. Quand je vais chez mes parents, c'est pour un dîner de ce genre, et à chaque fois, j'ai un plan de table à faire qui donnerait des maux de têtes à la Société des Nations. Mais c'est amusant, à défaut d'être concluant. C'est pour ça que tu peux t'estimer chanceuse, tu as au moins un problème en moins dans ta vie. Avec Teddy, vous formez un charmant couple et marraine saura t'organiser une cérémonie digne des grandes familles royales ! »
N'était ce pas le rêve de toutes les mères, à défaut de toutes les filles ? Victoria avait sa voie toute tracée, la veinarde. Sa seule entorse est de vouloir devenir pilote, il y avait pire tout de même ! La coupe d'Olivia s'était vidée, et elle avait interpellée le garçon pour avoir leur commande de toute à l'heure. Le champagne, c'était sympathique offert, mais un peu plus cher à l'achat, autant rester simple.
« Je pense que j'ai un caractère beaucoup trop difficile pour avoir une relation. Il me faudrait quelqu'un avec plus de caractère que moi … Oui, j'en demande beaucoup ! Un des rares que j'ai rencontré, c'était il y a quelques jours. Mais un début de rencontre autour d'une voiture à réparer, paie ton romantisme ! Non, je suis bien pour l'instant comme ça ! »
Sincère ou pas ? Oui … et non. Bien sûr, Olivia avait un cœur comme la grande majorité des filles de son âge et avait espéré mener une vie de famille avant ses trente ans. Et l'aube de cette date fatidique, cela ne lui faisait pas vraiment peur d'être une célibataire durant la guerre. Et en même temps, si ça pouvait changer, ce ne serait pas si mal ! Il fallait l'avouer, elle enviait un peu son amie sur ce point !
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Victoria Irvin
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Sujet: Re: Let's get party ! Sam 19 Nov - 21:35
Victoria leva les yeux au ciel. Etait-ce elle, ou les hommes étaient-ils véritablement désespérants? Elle songea un bref instant à un certain pilote avec un accent très prononcer avant de secouer la tête et tenter de penser à autre chose, comme un jeune blond en uniforme de l'armée de terre qu'elle ne voyait que trop peu. Mais les français, vraiment, non. Ils étaient bien trop volages, on avait l'impression qu'ils étaient en camp scout, prêts à faire n'importe quoi pour s'amuser. Enfin, la jeune femme n'était plus censée être sur le marché. Sa bague de fiançaille le lui rappelait lourdement, bien qu'elle n'avait jamais été la préférée de ces messieurs. La bague, elle avait tendance à l'oublier, accrochée autour de son cou sous la chemise de son uniforme. Mais dès qu'elle sortait, elle la remettait, et elle ne savait plus où elle en était. Mieux valait donc se concentrer sur la vie amoureuse d'Olivia, puisqu'elle était sans doute - et l'avait toujours été - bien plus intéressante que celle de Victoria. En sirotant la fin de leur champagne, la conversation dériva donc naturellement sur ce sujet qui était pourtant sensible pour les deux jeunes femmes. Ce n'était pas les hommes qui manquaient, guerre oblige, surtout à Londres où se trouvaient tous les centres de commandements, et où débarquaient toutes les nationalités possibles et imaginables. C'était à s'y perdre. Rien que dans la foule, il était difficile de savoir combien d'entre elles étaient présentes. Et ce n'était pas pour déplaire aux jeunes londoniennes qui ne savaient plus où donner de la tête. Victoria n'osait imaginer en province, comme à Edimbourg, où les Norvégiens avaient élu domicile. -Non c'est sûr, si seulement ils ne prenaient pas la mer.
Victoria pouffa à la remarque d'Olivia sur les marins. C'était effectivement l'un des seuls défauts des marins.
-Comment veux-tu trouver quelqu'un en ces temps ? La plupart des hommes partent au front, difficile de s'attacher. J'en croise parfois au ministère, ou lors des sorties. C'est vrai, il y en a des beaux, et même des gentils, intelligents ! J'ai même eu une demande en mariage par un roumain après deux danses ! Mais tu sais, les roumains, c'est comme les bulgares, en pire !
-Ils sont rapides, dis-moi. Cela change du flegme britannique, on est sûres de pas s'ennuyer.
Victoria était bien entendu ironique. Au fond d'elle-même, elle était un rien choquée. Heureusement, Olivia n'avait pas prit les Polonais en exemple.
-Et puis, pourquoi chercher ? Ma mère s'en occupe très bien. Tu la connais, nous avons le même genre de spécimen, elle s'amuse à chercher des partis. Quand je vais chez mes parents, c'est pour un dîner de ce genre, et à chaque fois, j'ai un plan de table à faire qui donnerait des maux de têtes à la Société des Nations. Mais c'est amusant, à défaut d'être concluant. C'est pour ça que tu peux t'estimer chanceuse, tu as au moins un problème en moins dans ta vie. Avec Teddy, vous formez un charmant couple et marraine saura t'organiser une cérémonie digne des grandes familles royales !
Il était vrai que les mères des deux jeunes femmes sortaient du même moule. A croire qu'elles avaient été copiées l'une sur l'autre. Mais Victoria ne put s'empêcher de se crisper légèrement à l'idée de son mariage. Si, presque trois ans auparavant, elle aurait sauté dans la robe blanche et à la porte de la première église venue, elle n'était plus aussi sûre d'elle aujourd'hui. Elle avait changé, et Teddy aussi...
-Oui, oui... admit-elle tout de même, ne voulant pas lancer le débat ni la discussion, bien que le ton ne soit pas véritablement convaincu. Enfin, tu sais, Maman aime de moins en moins les célébrations, à son dernier anniversaire les bougies ont coûté plus cher que le gâteau, je te laisse imaginer sa tête...
Les choses étaient toujours plus simples vues de l'extérieur... L'intérieur était bien différent.
-Je pense que j'ai un caractère beaucoup trop difficile pour avoir une relation. Il me faudrait quelqu'un avec plus de caractère que moi … Oui, j'en demande beaucoup ! Un des rares que j'ai rencontré, c'était il y a quelques jours. Mais un début de rencontre autour d'une voiture à réparer, paie ton romantisme ! Non, je suis bien pour l'instant comme ça !
-Tu as bien le temps de toute façon. Et puis es-tu sûre que tu as besoin de quelqu'un avec plus de caractère? Il ne sera pas forcément facile à mener par le bout du nez.
Victoria n'imaginait pas trop son amie avec un homme la menant à la baguette, mais si c'était ce qu'elle voulait... Et puis avec le décès de son précédent fiancé, peut être ne valait-il mieux pas qu'elle s'accroche à quelqu'un d'autre immédiatement, au vu de la conjoncture actuelle... La jeune femme allait la rassurer quand la porte s'ouvrit en trombe sur une horde de policiers. La musique s'arrêta nette et ce fut la panique.
-Liv! Je croyais que ce club était sûr! S'exclama Victoria, choquée.
Poussées par la foule, les deux jeunes femmes durent s'accrocher l'une à l'autre pour ne pas se perdre. Mon Dieu! Si Victoria se faisait arrêter, que penseraient les gens? Cela ferait la une, sa mère et son beau-père ne le lui pardonneraient jamais, et son père ne lui adresserait plus la parole.
-Part Saint-Nicolas, sortez-nous de là! murmura la jeune femme, inquière.
Heureusement, Olivia était là et les deux jeunes femmes réussirent à s'en sortir. Dehors, il pleuvait des cordes. Cela n'était pas surprenant pour la saison. Les deux filles, qui avaient à peine eut le temps de récupérer leurs manteaux, coururent et s'éloignèrent du club. Arrivées à la station, les grilles étaient déjà descendues. Plus de bus, ni de taxis en vue... Et la pluie ne semblait pas vouloir s'arrêter, Victoria se mit à grelotter. Elle jeta un regard noir à Olivia, et dire qu'elle ne voulait même pas venir à la base...
-Eh bien, on n'a plus qu'à rentrer à pied, marmonna la jeune femme.
Elle soupira et prit Olivia par le bras. Peut être en riraient-elles dans quelques semaines...
Spoiler:
Je pense que tu peux conclure :D
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Olivia Deacon
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On revenait toujours aux hommes dans les conversations, quoi que les filles fassent. Il faut dire qu’entre leurs métiers, entourés de militaires, et la pression sociale d’avoir une vie sentimentale stable, difficile d’y échapper. Olivia n’aimait la guerre que pour cela : on ne lui parlait presque plus de son célibat. A part sa mère bien sûr, et quelques fois dans les conversations comme celle-ci, mais la jeune femme savait Vicky bienveillante, voulant le bonheur de son amie, et non pas une curiosité malsaine de derrière les fagots. Si elle savait que la jeune rousse l’enviait, Olivia lui rirait au nez, Vicky ne connaissait pas vraiment les « joies » du célibat. De son côté, la presque américaine enviait aussi les fiançailles Victoria, une stabilité et une vie tracée, surtout avec un garçon gentil, aisé et plutôt joli garçon. Mais comment trouver un homme en temps de guerre ? Ils pouvaient partir à tout moment se battre, ne pas revenir ou alors estropié, elle l’avait déjà vécu. Puis ceux restés au sol ne l’intéressaient guère, du moins ceux qu’elle avait croisés. Alors, elle faisait avec, il le fallait bien. Au moins, Olivia avait une vie remplie, un travail redondant mais au cœur de l’action (même si elle n’y participait pas) et s’endormait de fatigue le soir dans un lit au chaud.
Elle sentit que son amie semblait un peu réticente à parler de son union avec Teddy. Elle pensait sans doute que Vicky n’avait pas envie de se marier en temps de guerre, surtout avec les bombardements incessants, ce qui était tout à fait normal. Sans doute pour cela qu’elle changea un peu de conversation.
« Oui, oui... Enfin, tu sais, Maman aime de moins en moins les célébrations, à son dernier anniversaire les bougies ont coûté plus cher que le gâteau, je te laisse imaginer sa tête... Oh je la vois très bien. Je pense que l’époque où nous vivons n’est pas propice aux grandes célébrations. »
Elle porta son verre à sa bouche, un peu pensive, avant de repartir sur l’idée d’une relation. Olivia avait une idée assez précise de ce qu’elle voulait, et elle préférait les hommes de caractère. Mener un homme à la baguette l’amusait, mais pas tout le temps, elle finirait par se lasser. Il lui fallait un type capable de dire non de temps en temps. Et Vicky la connaissait bien.
« Tu as bien le temps de toute façon. Et puis es-tu sûre que tu as besoin de quelqu'un avec plus de caractère? Il ne sera pas forcément facile à mener par le bout du nez. D’accord, peut-être pas plus. Mais tout de même, un type mou de genou c’est usant. Sinon, autant adopter un toutou. Un entre deux on va dire ! »
C’est vrai qu’un homme avec trop de caractère, voulant avoir l’emprise sur la jeune femme, cela ne lui irait pas. Elle avait vécu dans l’ombre de son frère, et maintenant sous sa coupe, elle ne voulait pas d’un tel schéma dans sa vie. Après, on ne sait jamais vraiment ce qui peut arriver ! Tout comme à cet instant, l’arrivée de la police ! Cela surprit tout le monde, paniqué à l’idée d’être arrêté.
« Liv! Je croyais que ce club était sûr ! Il l’était ! Du moins je le croyais depuis deux semaines ! Viens, on s’en va ! »
Les deux jeunes femmes se mêlèrent à la foule, sacs à la main pour sortir le plus vite possible. Pas question d’avoir des ennuis avec les services de l’ordre, elles représentaient l’armée ET la bonne société londonienne, cela faisait désordre. Elles récupérèrent leurs manteaux à la hâte, Livia jouait des coudes pour arriver à sortir, un bras chargé par ses affaires, l’autre où s’accrochait Vicky comme une bouée de sauvetage. Elles coururent quelques mètres en talons, sous une grosse pluie, avant de s’arrêter, un brin essoufflées, habillées en soirée sans manteau sur le dos. Rhabillées mais sans moyen de locomotion, il fallait bien rentrer. Mais cela n’entachait pas du tout la bonne humeur de la jeune femme, dont la montée d’adrénaline la faisait rire, à côté d’une Vicky à la mine plus sombre.
« Eh bien, on n'a plus qu'à rentrer à pied. Oh ce n’est pas si terrible. Qui n’a pas traversé Londres à pieds une fois dans sa vie n’est pas un vrai londonien ! »
Elle cherchait à dérider son amie mais celle-ci n’avait pas vraiment apprécié sortir dans un endroit clandestin et manqué de se faire arrêter. Bras dessus, bras dessous, les deux jeunes femmes marchèrent d’un pas décidé. Heureusement, ce n’était pas bien loin, une vingtaine de minutes à tout casser, mais avec le couvre-feu et les bombardements, il fallait se dépêcher.
« Vicky, je suis désolée pour la descente de police. Je ne le savais pas, je suis venue plusieurs fois et je n’avais jamais eu de soucis. Jamais je ne t’aurais emmenée dans ce genre d’endroits ! »
C’est vrai, si Olivia y serait allée d’elle-même, elle connaissait trop bien son amie pour l’attirer dans des endroits louches. Déjà, la faire sortir relevait un peu du miracle, il ne fallait pas s’attendre que Lady Irvin fasse la tournée des bars clandestins non plus ! Elles parlèrent assez peu, pour marcher le plus rapidement possible sous cette pluie qui n’en finissait pas, pour atteindre enfin le dortoir de Vicky.
« Tu verras, on en rira de bon cœur la prochaine fois qu’on sortira. Ah oui, une mauvaise aventure n’empêche pas de recommencer. Tu choisiras le lieu, comme ça, ce sera de ta faute au pire ! Elle lui fit un petit clin d’œil complice. Allez, rentre au chaud, j’ai encore un peu de marche. »
Elles se saluèrent chaleureusement et Olivia reprit sa marche, il lui fallait aller jusque derrière Hyde Park pour rejoindre la demeure familiale. Le manque de dortoirs lui donnait la chance de vivre chez sa grand-mère, et l’inconvénient de se lever plus tôt que ses camarades pour arriver à l’heure, mais le luxe n’a pas de prix ! Sa chambre individuelle, grande et cosy, une grand-mère attentionnée, des domestiques … difficile de s’en passer ! Une vingtaine de minutes plus tard, elle entra frigorifiée dans la maison, donna son manteau au majordome et retira avec grand plaisir ses talons hauts. Dans le salon, sa grand-mère se tenait près de la cheminée, elle l’attendait en lisant tranquillement. Olivia s’affala dans le fauteuil d’en face.
« Il est encore tôt ! Je ne pensais pas te voir avant une heure ou deux ! Oh … Victoria n’est pas une grande fêtarde tu sais … Ah, Lady Irvin est une jeune femme rangée, mais l’important est que vous vous soyez bien amusées, et que vous n’ayez pas eu de problèmes. Des problèmes ? Oh non ! »
Elle souriait en repensant à cette fin de soirée en trombe mais qu’importe, elles s’en étaient sorties et toutes deux se trouvaient au chaud, prêtes à retrouver leurs quotidiens dans les ministères.