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 27 Dresses

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Susan Plumer
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Susan Plumer

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MessageSujet: 27 Dresses   27 Dresses EmptyDim 7 Mai - 17:16

27 Dresses
Elegance does not consist in putting on a new dress


Susan, d’aussi loin qu’elle s’en souvienne, a toujours détesté le mois de février. Le temps est glacial, les vents se glissent sous vos vêtements, la pluie ne s’interrompt que pour reprendre de plus belle et les visages se font maussades à la simple pensée de devoir sortir… 27 jours seulement, mais ce qu’ils peuvent passer lentement !
Assise à son bureau, la jeune femme laisse son regard errer vers la fenêtre la plus proche, et se perd dans l’immensité du ciel, aussi gris que ses yeux. Elle frissonne tout à coup, et se ressaisit. Elle a encore une montagne de choses à faire d’ici l’heure du thé, et pas une minute à perdre. Resserrant son châle autour de ses frêles épaules, elle entreprend de s’activer : les feuilles se transforment en dossiers, et le doux cliquetis de la machine à écrire ne s’interrompt plus qu’à l’occasion d’un regard rapide à l’horloge.
Les minutes passent, deviennent une heure, puis des heures, la députée ne s’arrête pas. Aucun sourire ne vient éclairer son visage aux traits tirés par la fatigue et le souci constant. Sourcils froncés, elle ne diminue pas la cadence, ses longs doigts volant au-dessus des touches comme ceux d’un pianiste au-dessus d’un clavier.
Alors que le timide soleil d’hiver achève de disparaître derrière un épais nuage, Susan repousse finalement sa chaise et se dirige vers la pièce voisine. Le feu y est déjà allumé, et la belle brune prend un instant plaisir à sentir sa chaleur sur sa peau pâle. Après un dernier regard au tapis ramené d’Iran par un ami diplomate, elle quitte le petit salon et son ambiance feutrée pour se rendre à l’étage supérieur.
Elle achève de se changer au moment précis où retentissent quatre coups frappés par le heurtoir de bronze qui orne la porte d’entrée. Tandis qu’elle jette un dernier coup d’œil au miroir en pied qui orne le mur de son dressing, on ouvre la porte au visiteur, cependant qu’un plateau à thé est monté au premier étage. Prenant sa part dans ce ballet soigneusement travaillé, Susan descend l’escalier principal dans une robe simple mais élégante, couleur de lac gelé aux reflets argentés.

Isidore, darling ! Je vois que vous êtes, comme toujours, parfaitement à l’heure ! Entrez donc, mettez-vous à l’aise lance la jeune femme d’un ton chaleureux. Le thé nous attend au premier et… Oh, Mr. Hughes, pourriez-vous nous aider à monter les affaires de Mr. Hood ? ajoute-t-elle à l’adresse du majordome, qui s’empresse de les suivre vers les marches de marbre.

Une fois installés dans le salon, les volumineuses boites amenées par le talentueux styliste amenées au second, Susan reprend le fil de la conversation tout en servant un délicat thé à la rose.

Comment allez-vous, très cher ? Et comment se porte votre ravissante collaboratrice, Miss… Jordens, c’est bien cela ?
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Isidore Hood
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MessageSujet: Re: 27 Dresses   27 Dresses EmptySam 22 Sep - 15:09

Londres sous sa pluie fine et froide de février était inimitable, pensait Isidore en jetant un œil au dehors de l'atelier Hood&Jordens au premier étage de leur adresse, boutique devenue incontournable pour le beau monde de la ville (du moins ce qu'il en restait) sur Portobello Road. Les employés s'activaient dans tous les sens, on déplaçait des rouleaux de tweed d'un côté, prenait des mesures sur un patron de l'autre, on épinglait des mannequins... L'effervescence était toujours de mise dans la maison de couture ! Tout à fait à l'image de ses deux jeunes créateurs.

Toujours à triturer machinalement une cigarette entre ses doigts, Isidore passait d'une employée à l'autre, donnant une indication, un bon mot ou en rectifiant carrément la coupe d'une jupe parce qu'il voulait absolument qu'on puisse y mettre des poches.

"Il n'y a pas que ces messieurs qui se servent de leurs dix doigts, Mrs Maria, plaisantait-il. Rien ne vaut une poche pour y glisser son poudrier, ou un joint de culasse !

-Bien M. Hood
, acquiessa l'intéressée en retenant un fou rire.

Le jeune créateur la laissa à son ouvrage et rejoint une de ses premières assistantes qui empilait dans boîtes de commande prêtes à partir chez leurs clients. D'un œil distrait, retenant un baillement, il examinasur les différents noms avant d'être arraché de ses pensées par Anna qui arrivait dans son dos, chargée de boîtes à chapeaux.

-Et voilà les chapeaux de la députée Plumer ! s'exclama-t-elle en déposant le tout.

Isidore lui jeta un air interloqué.

-Susan ? Mais notre rendez-vous n'est pas avant la semaine proch...

Il s'arrêta, les yeux écarquillés par le doute. Anna garda un silence qui en disait long, avec un regard plus qu'appuyé sur son complice et fiancé avant de lâcher en lui recoiffant une mèche rebelle qui pendait sur son front :

-Ne me dis pas que tu as encore oublié de consulter ton agenda...

-PAS DU TOUT !
fit Isidore d'une voix plus aiguë qu'il ne l'aurai souhaité avant de reprendre plus fermement. J'était justement en train de regarder ses tailleurs, que Julie vient d'emballer pour nos essayages de cet après-midi.

Isidore avait noyé le poisson un peu trop tard pour que l'excuse soit effectivement crédible. Sa chapelière préférée leva les yeux au ciel.

-Il va falloir que tu songes un peu à réduire tes échapées nocturnes mon ami... Si ton sens de la fête vient perturber nos affaires, ne comptent pas sur moi pour réparer toujours les pots cassés, dit-elle à voix basse pour que leurs employés n'entendent pas.

-Excuses-moi... fit le jeune homme, un peu honteux.

Anna retourna à sa partie de l'atelier et laissa Isidore à sa cigarette et son manque de sommeil habituel. Il se fit servir un café, bien serré et se prépara pour partir pour le domicile de Susan Plumer. Il n'était pas courant de se déplacer directement chez les clients pour effectuer les essayages mais la députée faisait partie de cette liste très select de clients qu'on bichonnait presque à l'excès ! Isidore n'était pas un fin amateur de politique mais l'aura de cette femme avait su depuis longtemps le captiver et l'inspirer. A tel point qu'il avait fait lui-même la demande de lui confectionner des tenues pour sa vie publique, ce que la jeune femme avait acceptée volontiers.

Pagode conduisit Isidore et son assistante Julie jusqu'au 34 Bedford Place et aida à descendre les différentes boites contenant les précieuses tenues et chapeaux à l'attention de la députée. Un employé de maison vint leur ouvrir et Isidore fut rapidement accueillit par sa muse politique descendant l'escalier dans une tenue d'un gris bleu aussi élégant que simple.

"Isidore, darling !

-Susan, très chère !
dit-il en français. Votre élégance me manquait !

-Je vois que vous êtes, comme toujours, parfaitement à l’heure !

-La mode ne doit JAMAIS être en retard !
s'exclama-t-il avec un grand sourire, sans même penser à son propre trou de mémoire d'il y a quelques heures.

La jeune femme invita le couturier à entrer et l'emmena au premier étage, tandis que Julie suivait les boites au second. Dans le salon attendait un thé bien chaud. Plus qu'un réconfort saisonnier devant le froid, c'était un rituel incontournable quand on rendait visite à ses clients préférés !

-Comment allez-vous, très cher ? fit Susan en invitant Isidore à s'asseoire à ses côtés.

-Oh vous savez ! La mode, le mode, la mode ! fit sur un ton badin le couturier en faisant virevolter une main en l'air avant de reprendre plus sérieusement. Mais les productions d'uniformes battent leur plein en ce moment, plus que les commandes à la boutique vous imaginez bien ! Chaque minute comptent, même pour les petites mains comme nous... J'espère ne pas toujours prendre des mesures pour les jeunes recrues, dit-il un peu mélancolique avant de reprendre, plus enjoué. Mais j'ai hâte de vous faire essayer ce que nous avons préparé Anna et moi !

-Et comment se porte votre ravissante collaboratrice, Miss… Jordens, c’est bien cela ?

-Oui ma... fiancée, tout à fait
, confirma Isidore avant de boire une gorgée de son thé.

Il avait encore parfois du mal à se dire qu'il était bien fiancé à Anna. Pour lui il n'y avait que James et rien d'autre...

-Écoutez, elle se porte à merveille ! Lorsqu'elle m'a donnée ses créations, elle était impatiente d'avoir vos retours sur son travail ! Nous sommes pareils elle et moi, toujours passionnés, infatigables... enfin pour nous, les autres c'est peut-être autre chose me direz-vous ! Haha ! Et vous, ma chère Susan ? Comment portez-vous notre paysage politique au plus haut ? demanda-t-il avec un ton plein d'emphase toute théâtrale.
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