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| Sujet: Rencontre inpromptue [PV Denys Hammond Ashna Kranti Piyali] Lun 20 Mar - 16:54 | |
| Je jetais machinalement le reste de mon sandwich aux canards qui se battaient pour récupérer la moindre miette à mes pieds. En vérité, mon esprit était resté bloqué à ce matin, lorsque j'avais appris par une lettre de ma mère la mort du fils d'un ami. Il s'était engagé dans la Marine, et son navire avait été coulé au large de Reykjavik en novembre de l'année précédente.
Je n'arrivais pas à croire que je ne reverrais plus Edmund. C'était la première personne que je connaissais depuis mon enfance à mourir au combat, et cela me faisait prendre douloureusement conscience que je verrais partir beaucoup d'autres amis, à moins que je ne disparaisse moi même lors d'un bombardement...
Tout en lançant les derniers restes de pain aux canards qui se pressaient en cancanant à mes pieds, je revoyais son sourire, ses cheveux roux flamboyant sous le soleil, nos promenades à bicyclette lorsque nous étions adolescents, et je ne parvenais pas à l'imaginer mort, alors qu'il était si vivant dans mon esprit.
Je finis par m'épousseter les mains pour faire tomber les dernières miettes, en me disant qu'il serait sans doute convenable d'écrire au parents d'Edmund.
Mais je détestais tellement écrire ce genre de lettre ! Je ne savais jamais comment formuler mes regrets, sans paraître terriblement gauche ou au contraire complètement indifférente.
Je laissais mon regard errer sur le plan d'eau, cherchant le courage, ou l'inspiration, pour écrire. Je savais que j'aurais le temps avant de reprendre mon poste d'écrire cette lettre, et je ne voulais pas attendre. Ce serait faire preuve de lâcheté. Et les parents d'Edmund avaient été tellement gentils avec moi... Je pense même que, pendant un temps, ils avaient espéré qu'un sentiment plus fort que l'amitié se développe entre nous. Après tout, quoi de plus normal pour deux enfants de diplomates qui partageaient le même genre d'existence ? Mais il n'y avait rien eu de tel entre entre nous. Nous étions simplement de bons amis. Et maintenant, il était mort.
Je remontais lentement les allées du parc, indifférente aux premiers chants de oiseaux, aux cris des enfants... Je pensais simplement à ma lettre. Comme je venais très souvent dans ce parc, je pouvais laisser mon esprit vagabonder tout en sachant que mes pieds sauraient me ramener à la maison. Je ne prêtais donc qu'un minimum d'attention à ce qui m'entourait, cherchant avant tout la meilleure formulation possible pour ma lettre.
Soudain, un énorme klaxon retentit à mes oreille retentit et je sursautais, réalisant, mais bien trop tard, que j'avais commencer à traverser la rue sans regarder. Pétrifiée, incapable de bouger, je regardais l'avant du bus grossir emplir tout mon champ de vision. Et ma seule pensée fut *je ne veux pas mourir maintenant...* |
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I am Denys Hammond
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| Sujet: Re: Rencontre inpromptue [PV Denys Hammond Ashna Kranti Piyali] Lun 24 Avr - 19:10 | |
| Denys avait vraiment l’impression de faire quelque chose de mal. Sans doute son éducation très stricte, qui stipulait clairement que l’on ne s’intéressait pas aux affaires des autres, qui l’avait influencée. Déjà, le fait de jouer les espions en herbe à l’ambassade des Etats-Unis n’était pas toujours très pratique, alors ça... Mais peut être fallait-il qu’il explique. Depuis plusieurs jours, il suivait une jeune femme. Non! Pas pour les raisons que vous croyez! Il n’était pas un voyeur malsain ou il ne savait pas quoi d’autre. C’était une mission qu’on lui avait confiée. Bon, d’accord, ça ne rendait pas ça beaucoup plus clair. Cette jeune femme était une cible pour le SOE. Non, pas une cible dans le sens « danger », une cible dans le sens « intérêt ». Ashna Kranti Piyali, caporale dans la WAAF de son état, était un agent potentiel qui intéressait énormément ses supérieurs. En effet, la jeune femme parlait plusieurs langues, dont le français, et ce de manière parfaite. Elle connaissait la France, ses us et coutumes, ses méandres... Et pourrait être un agent parfait pour l’organisation dont Denys faisait parti. De plus, elle était entrainée militairement parlant, son grade de sous officier le stipulait. Certes, ce n’était pas du tout pour la même chose, ni dans le même but, mais cela en disait déjà long sur l’implication de la jeune femme contre l’Allemagne et son opinion sur le Reich. Il restait donc à voir si elle accepterait ou non de jouer le jeu pour le SOE, et celui-ci n’aimait pas abattre ses cartes trop vite. La section Allemagne, la plus secrète des sections secrètes du SOE, était plutôt calme, il était difficile de trouver des contacts, il fallait donc bien occuper ses agents. Et comme l’ambassade des Etats-Unis ne semblait pas suffisante, il fallait maintenant que Denys tente d’approcher la demoiselle et de l’attirer à Baker Street.
Cela le dérangeait. D’accord, il fallait qu’il suive les ordres, mais suivre une jeune femme dans la rue comme ça, et depuis plusieurs jours, il trouvait ça un rien malsain. N’importe qui aurait pu le prendre pour quelqu’un de mal intentionné - enfin, vu ce qu’il devait réussir à faire, la débaucher de la WAAF pour le SOE, il doutait presque du bien fondé de son action. Il fallait bien l’admettre, plus il la regardait, plus il la trouvait jolie, douce, candide... Peut être se trompait-il, il avait suivit son entrainement avec assez de jeunes femmes en Ecosse pour savoir qu’elles n’étaient pas toutes ce qu’elles semblaient être, mais il avait l’impression de devoir la jeter en pâture aux requins - et encore, au vu de la menace qu’étaient les nazis, la comparaison avec un requin lui paraissait douce. Bref, Denys n’était pas très à l’aise à l’idée de devoir faire ce qu’on lui demandait. Et l’arrivée de la douceur printanière n’était pas vraiment pour lui donner du baume au coeur. Les bombardements continuaient nuit après nuit, on comptait les dégâts, les morts, les stations de métro inondées... Alors vraiment, non, il n’avait pas vraiment la tête à ça. Il s’était même demandé comment lui avait fait pour ne pas remarquer qu’il était suivit partout en Autriche, alors vu comme il était discret, c’était un miracle qu’Ashna ne l’ait toujours pas repéré.
Il la suivait à travers le parc, cet après-midi là, à la suite de sa permanence du matin à l’ambassade américaine, avançant tranquillement, faussement nonchalamment, un journal sous le bras... Assez loin, espérait-il, pour ne pas paraître suspect, mais assez proche pour ne pas la perdre. Elle allait d’ailleurs bientôt sortir du parc. Il lui emboita le pas, espérant ne pas la perdre sur le trottoir si jamais celui-ci était occupé. Il n’en était rien. Il pouvait la suivre des yeux, marcher d’un air déterminé, s’engageant pour traverser la rue, n’ayant visiblement pas vu le bus qui arrivait à toute vitesse. Et les bus britanniques, à fortiori londoniens, cela ne s’arrête pas. Denys ne réfléchit pas plus. Laissant tomber son journal il se précipita à sa suite, l’agrippant par le bras au moment où un klaxon retentissait, et la tirant en arrière, sur le trottoir de nouveau, loin du danger. Elle l’avait échappée belle.
-Ca va? s’inquiéta-t-il tout de suite en la regardant, la tenant par les épaules à bout de bras.
Se rendant compte d’ailleurs, que cela n’était certainement pas approprié, il la relacha bien vite, un rien embarrassé.
-Vous n’avez rien? ajouta-t-il pour dissimuler son malaise.
S’il avait cherché une entrée en matière désespérément ces derniers jours, le hasard venait de lui en donner une. |
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